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Trouble
de la personnalité borderline état limite.
Contradictions,
vous avez dit contradictions ?
"Borderline"
contradictoire en apparences et en actions ?
Les
borderline et les proches peuvent être bien perdus au milieu des
contradictions.
Le moins que l'on puisse dire de l'extérieur (en tant que "non-") mais aussi de l'intérieur en tant que personne souffrant d'un trouble de la personnalité borderline, c'est que tout ceci ressemble à un sacré "bordel" (c'est le mot qui convient le mieux il me semble).Quelques "contradictions" et paradoxes présents chez de nombreux "borderline"
Le "borderline" fait parti des personnes qui illustrent sans doute le mieux le mot "contradictoire" ou "paradoxal".
Vouloir une chose et son contraire, dire une chose et son contraire, etc.
Voici un ensemble de contradictions (apparentes) présentes chez de nombreuses personnes souffrant d'un trouble de la personnalité borderline, bien entendu chaque cas est différent, chaque personne vivra les choses plus ou moins différemment.
Le coté blanc/noir que le DSM indique dans son point 2 (alternance d’idéalisation et dévalorisation) dispose aujourd’hui de 2 visions, la vision psychanalytique et la vision scientifique/neurologique qui se rejoignent pas trop mal (pour une fois).
La vision analytique se réfère au mode de fonctionnement émotionnel du bébé (je résume au risque d’etre imprécis) « j’aime / je deteste » « maman est dans la pièce elle me donne le biberon, elle comble mes attentes, je l’aime / maman est sortie, elle m’a abandonné(e), je la déteste ».
Pour des neurologues comme Damasio, cela s’explique par des études qui ont montré que le siège des émotions ne fonctionnait pas de la même façon dans le cerveau d’une personne souffrant de trouble borderline, or il a prouvé que les émotions étaient indispensables à la raison et ainsi le « borderline » est alors face à ces problèmes. De plus ceci était aussi probablement lié à un fonctionnement de la mémoire « différent »Nous sommes un peu face à un mode de fonctionnement en tout ou rien qui est, je pense, lié à un problème d’apprentissage et d’expérimentations des émotions au sens le plus large possible.
Il est très fréquent que les « borderline » aient été élevés dans un milieu où les émotions étaient bannies et que seules les émotions « dramatiques » (fortes) étaient autorisées à titre exceptionnel. (pour le « border »).
De ce fait, je pense que les « borderline » ont souvent tendance à fonctionner par seuil.
Alors qu’une personne « émotionnellement éduquée » va pouvoir graduer chacune de ses émotions par exemple entre 0 et 100 « je suis en colère à 40% », le « borderline » pourra à 49% ne détecter strictement aucune colère chez lui, comme si elle était à 0, alors qu’elle est bien présente et lorsque que sa colère passera à 50% (c’est à dire un changement totalement infime en réalité), pour lui le curseur colère passera comme s’il était à 100. D’où une fluctuation émotionnelle de tous les instants.
Un autre problème chez le « borderline » est d’arriver à reconnaître en temps réel la présence de plusieurs émotions contradictoires et simultanées. Il a tendance à très mal vivre le fait d’être à la fois joyeux et triste, calme et en colère alors même qu’il est fréquent dans la vie de tous les jours d’avoir et de façon naturelle toutes ces émotions à la fois.A noter que le clivage a aussi des liens avec la notion d'abandon... il permet de pouvoir faire reposer sur l'autre le "méchant", tous les torts après la séparation et ainsi de pouvoir se voir en victime
Je vous invite à lire les pages clivage et fonctionnement de la mémoire.
Pour le coté besoin des gens / solitudes, il y a probablement conjugaison de plusieurs phénomènes. Cela rejoint en partie la notion de clivage qui est liée à la notion d’abandon. Un « borderline » a généralement un besoin vital des gens parce qu’il mesure sa propre valeur grâce au regard que les autres ont sur lui. Un peu comme une batterie usagée d’un téléphone.
Vous la branchez sur le secteur (contact) et elle se charge très vite (valeur) mais des que vous la débranchez (solitude), elle se décharge très vite (« je vaux rien »).
Donc il a besoin du contact pour etre aimé… mais ce contact est entaché de la peur de l’abandon « il ou elle va m’abandonner dès qu’il ou elle ouvrira les yeux sur ‘ma’ vraie ‘nature’ »
Et 2ème chose, les « borderline » ont tendance, non pas à se montrer tel qu’ils sont (« non aimables » selon eux), mais tel qu’ils pensent que l’autre voudrait qu’ils soient.
Agir ainsi est épuisant, et par conséquent les moments de solitude permettent de « souffler » (c’est en ce sens que je parle de 2 vies sur le questionnaire). Ces moments de solitude permettent de récupérer mais sont aussi vécu comme un enfer car par ‘nature’ ils aspirent au contact, au « aimez-moi !!! »Ce mode de fonctionnement peut être perturbé lorsque la peur de l'abandon est trop forte et l'estime de soi trop faible ou alors à force d'échecs, ainsi la personne peut se réfugier dans l'évitement
Je vous invite à lire les pages sur l’abandon et traumatisme.
(Bien entendu... une personne en dépression ou d'en l'évitement n'aura pas ou peu ces fluctuations)
Pour les changements d’humeurs (le DSM parle de réactivité marquée de l’humeur).
C’est probablement lié en partie au manque de confiance en soi et à la peur de l’imprévu qui peut déboucher sur la crise de dysphorie.
« Je me lève le matin, je vois un papillon sur le rebord de ma fenêtre, je suis content(e), la vie est belle »… « je prends la voiture pour aller travailler, le feu passe au rouge alors que j’avais pensé qu’il resterait au vert et je suis désespéré(e), à quoi bon vivre ! » (c’est à peine exagéré).
On en revient sans doute encore au problème du fonctionnement de la mémoire et de réflexes post traumatiques de remontées immédiates de souvenirs douloureux (inconscients).
L’imprévu est source d’angoisses car l’imprévu oblige à faire des choix « à chaud », à prendre des décisions. Et prendre des décisions quand on n’a pas confiance en soi et que l’on a connu autant d’échecs, c’est pas la joie !Je vous invite à lire les pages sur la dysphorie et les pages sur l’impulsivité ainsi que les pages sur l’angoisse.
(Bien entendu... une personne en dépression et ou à force d'échecs n'aura pas ou peu ces fluctuations).
Ceci est probablement lié à un problème fréquent chez les "border", problème pour avoir une réponse durable au "qui suis-je ?"
Le "je suis nul(le)" est généralement lié à un regard "objectif" sur la succession d'échecs de la personne souffrant de trouble borderline, considérant que ses "échecs" sont "de sa faute". Cette vision exagérément négative est alors totalement déconnectée du coté "maladie", comme si l'on pouvait juger de la valeur d'une personne sur sa propre santé !
Bref, dans les moments où "ça va pas fort" (assez fréquents), le "borderline" se voit alors sans valeur.Par contre, et là encore on en revient sans doute au fonctionnement de la mémoire, dans d'autres moments le "border" peut se voir "au dessus du lot".
A cela sans doute plusieurs explications possibles dont celle-ci.
Autant la plupart des personnes souffrant d'un trouble borderline sont dans l'incapacité de répondre à la question "qui suis-je" mais elles savent bien souvent qui elles ne sont pas, c'est à dire "les autres".
Elles savent qu'elles ont certains "dons" du type capacité à l'empathie, à comprendre les autres (A noter que dans certains cas leur "croyance" en une "lucidité" peut s'avérer totalement infondée).
Alors il est des moments où elles viennent juste de sortir d'un état dépressif, où elles ont un succès dans un domaine (considéré comme "facile"), où la vie semble leur sourire, où elles pensent alors que "tout est possible, cette fois çi sera la bonne" où clairement elles peuvent se sentir supérieures "à la masse". C'est dans ces phases la que l'on peut croire (et donc se tromper) que les "borderline" peuvent être de vrais narcissiques.(Vous pouvez aussi lire les pages borderline ou pervers narcissique ? ).
Je vous invite à lire les pages sur l'émophane
Là encore, cela dépend des personnes.
Les personnes souffrant de trouble borderline sont hypersensibles, leurs émotions sont amplifiées à l'extrême.
Mais selon les moments, cette sensibilité peut se retrouver masquée ou étouffée de façon consciente ou inconsciente.
"je vois une fleur se faner, je me mets à pleurer à grandes eaux". Cette fleur qui "décédait" m'a fait penser à la fragilité de la vie, l’inéluctabilité de la mort, etc.
Parallèlement, "je suis devant mon téléviseur, je vois un reportage aux informations sur un tremblement de terre qui a fait des centaines de morts dont des enfants, je suis indifférent(e), voire même j'en rigole !"
Moi-même ou mon entourage peuvent me considérer comme un monstre sans cœur ... que s'est-il passé ?
Tout simplement que je suis tellement hypersensible que si j'autorisais mes vraies émotions durant cette scène si violente, je ne suis pas certain(e) que j'arriverais à m'en relever.
Cette froideur, inconsciente ou pas est tout simplement une protection.C'est d'ailleurs un bon moyen pour le "non-" de détecter un problème... Il arrive très souvent que des personnes souffrant d'un trouble borderline donnent une apparence de TROP bien par rapport à une situation que vous savez réellement problématique (une rupture, un perte de travail, de poste, etc).
Je vous invite à lire les pages sur trouble borderline et manipulation.
Il est très difficile de comprendre cet aspect des choses pour le "non-".
En effet, comment une personne hypersensible, qui ne supporte pas la douleur peut-elle se mettre dans des situations où elle se fait du mal volontairement ?Il y a bien sur un coté "punition", "je punie ce corps qui ose abriter un esprit si détestable" mais cela n'explique pas tout
Une autre explication parmi d'autre est:
"Tout simplement pour fuir la souffrance"
En effet, il se trouve que le cerveau génère des anti-douleurs à chaque fois que le corps subit une agression. Quand vous vous coupez, ça fait mal et le cerveau va fabriquer des endorphines qui est un dérivé de la morphine.Vous pourriez alors me rétorquer "mais alors ça fait mal !" et je vous dirais "oui mais c'est sans compter sur la dissociation"
Généralement, ce type de comportements est présent lors des crises de dysphorie, dans un état où la souffrance peut être telle que le cerveau a tendance à vous déconnecter de la réalité. Ainsi déconnecté, vous pouvez alors vous couper sans souffrance (par contre le retour à la réalité est, lui, fort douloureux, au moins sur le plan moral).Je vous invite à lire les pages sur trouble borderline et automutilation ainsi que trouble borderline et dissociation.
Cela rejoint un peu le sujet de l'estime de soi
Ce comportement peut-être aussi totalement déroutant pour le "border" mais aussi pour le "non-""Il y a trente secondes j'étais en train de parler d'un sujet scientifique extrêmement pointu avec cette personne et là j'ai l'impression d'avoir un(e) gosse de cinq ans devant moi !"
Je ne le dirai jamais assez, mais le trouble de la personnalité borderline n'a strictement rien à voir avec l'intelligence, bien au contraire même.
Les personnes qui en souffrent peuvent donc d'un coté être totalement adultes sur un plan intellectuel mais paraître totalement infantiles sur un plan émotionnel. Ce qui entre parenthèses peut leur donner un charme fou (oups j'ai dit ce que je pensais !) ou les rendre totalement insupportables.
C'est en fait l'essence même de ce trouble, une personnalité mature coté intelligence et immature coté émotions. Cela rejoint aussi le sujet du clivage, le "j'aime / je déteste" que l'on retrouve chez tous les enfants qui peuvent dire à une autre personne et de façon sincère "je t'aimerai plus jamais, c'est fini pour la vie" puis cinq minutes après rejouer avec la "victime" comme si de rien était.
Cette alternance de "adulte / enfantin" pourrait en fait être une alternance "raison / émotions" qui ne sont pas en phases.Je vous invite à lire les pages sur l'adulte enfantin.
Encore un comportement qui peut être totalement déroutant pour le "border" mais aussi pour le "non-"
Il semble quand même bizarre de voir une personne totalement paniquée à l'idée de rater son train et dans le même temps voir cette même personne se mettre dans des situations à risque !
Il se trouve que "rater son train" est "grave" car cela remet en question tout un planning, tout un scénario mis au point à l'avance dont l'objet était d'éviter toutes "surprises", donc toutes "émotions" non contrôlées.La situation à risque peut avoir d'autres causes et effets.
Sortir par exemple d'une crise d'angoisse, de dysphorie, les émotions fortes ayant alors pour objet de "ressentir", de "vivre".
Mais aussi cela peut être dans d'autres cas une tentative de suicide plus ou moins consciente "je ne me donne pas la mort consciemment mais si par hasard elle avait la 'gentillesse' de me tomber dessus, je ne suis pas contre, de toutes les façons je n'ai pas grand chose à perdre"Je vous invite à lire les pages sur le suicide.
Voila un sujet à propos duquel les "non-" se sentent impuissants et désespérés !Conclusion ?Je reçois tellement de témoignages du type:
Hier, il ou elle s'est confié(e) à moi, m'a parlé de ses souffrances, de son désir d'en sortir et aujourd'hui j'ai droit à des "c'est toi qui n'est pas bien, tu devrais te faire soigner, tu cherches à me manipuler, je vais très bien"Une personne avec un trouble borderline est un peu comme un écorché vif, sans peau protectrice. Sa protection, ce n'est pas son caractère, sa personnalité mais sa capacité à montrer à l'autre ce qu'elle pense qu'il ou elle attend d'elle
Tant que la carapace, l'armure est présente, alors le "border" se sent relativement en sécurité.
Mais du moment où la personne en face de lui ou elle "sait", "sait" que tout ceci est un "leurre", alors elle se retrouve à sa merci avec un "je n'ai plus aucune protection, je suis nu(e) face à lui/elle, il va soit m'abandonner, soit s'en servir contre moi" (ce qui est certainement arrivé dans son passé).Dans des moments de souffrance, d'épuisement, de confiance, la personnes souffrant de trouble borderline pourra se confier et dire "j'ai besoin de me faire aider"... mais dans les autres moments, les moments où elle pense que son mal n'est pas "curable", que son mal est de l'ordre de sa "nature", quand elle se sent nulle, sans valeur, quand elle a la conviction que son proche l'abandonnerait s'il savait, quand elle pense qu'elle n'est pas "aimable"... alors elle voit comme une menace toute proposition d'aide... cela pouvant aboutir au clivage et à la campagne de dénigrement.
Et dire à une personne qui a peur (qu'elle le reconnaisse ou pas) un "n’aie pas peur", ne peut que renforcer la peurA cela ajouter le fait que le "border" peut avoir peur de se perdre dans une thérapie, de ne plus être lui, lui avec ses différences et il préfère alors le choix de la souffrance à l'inconnue
Je vous invite à lire les pages sur la guérison et l'émophane.
Il ne s'agit pas de voir des "vérités" dans chacun des exemples de contradictions apparentes chez des personnes souffrant de trouble de la personnalité borderline mais de chercher des pistes pour mieux les comprendre...Voir page "le borderline est-il contagieux" ?Hélas comprendre n'est pas suffisant pour amener les solutions et je n'ai toujours la réponse à "comment l'aider à ouvrir les yeux et consulter un spécialiste" ?
Je vous invite à lire les pages "lui dire".
Ouvrages sur le
trouble
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Mise
en garde:
Toutes
les informations présentes sur ce site sont dans le but d'aider à
comprendre un trouble pour
le moins "particulier" et déroutant.
Mais
aussi et surtout à soutenir les personnes qui souffrent, malades
ou pas. En tous les cas, il est INDISPENSABLE d'avoir recours à un médecin
psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste de la maladie pour confirmer ou infirmer un diagnostic
Quoiqu'il
en soit le nom d'une maladie importe peu, ce qui compte, c'est
d'appliquer le "bon" traitement à chaque malade.
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