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Trouble
borderline
état limite.
Borderline,
la honte,
la peur du ridicule, la moquerie et la culpabilité
De nombreuses personnes souffrant d'un trouble de la personnalité borderline, mais pas toutes, ressentent la honte ou la culpabilité.Ce qu'ils en disent
Cela semble être d’autant plus le cas qu’elles ne sont pas dans le déni et qu’elles ont conscience de leur « anormalité »
C’est de toute évidence lié à un manque de confiance en soi.
* « Les quatre formes de réponses apprises à la honte sont visualisables comme sur 4 points d’une boussole. Sur un axe se trouve le "repli" sur un des pôles et "l’évitement " sur l'autre pôle. Sur l'autre axe on trouve "l’auto-agression " et "l’agression."Données, études (statistiques, prévalence, comorbidité, co-occurence)
Ces formes sont toutes autodestructrices et étroitement liées de façon complexe et nourrissent de fait le cycle de la honte. Elles sont derrière les nombreuses impulsivités que les personnes borderline cherchent à combattre et sont reliées à la terreur de l'abandon qui caractérise le trouble aussi bien qu'avec la difficulté que ces personnes ont pour parvenir à une intimité » (Dr. Richard Moskovitz - www.borderlinepersonality.ca)
* « Les séquelles du trouble borderline sont culpabilité, honte, remord et regret. Les surmonter permet d’aller au-delà du trouble et de ses séquelles. » (Ms. A.J. Mahari - http://www.soulselfhelp.on.ca).
* Crowe M., Dept. of Psychological Medicine, Christchurch School of Medicine and Health Sciences, New Zealand.Témoignage
2004 J Psychiatr Ment Health Nurs., "Jamais assez bon--part 1: Honte ou trouble de la personnalité borderline ?"Cet article adopte une approche "deconstructive" au contexte historique, clinique, et social du diagnostic de trouble de la personnalité borderline. Ceci est entrepris en fournissant une vue d'ensemble de la littérature pertinente, un examen des critères diagnostiques, une discussion sur le développement de la honte, une discussion des récits des femmes et une réinterprétation des symptômes du trouble borderline comme réponse implacable de honte. Un argumentaire est développé que la honte est une caractéristique à part entière mais négligé dans les expériences de la détresse mentale qui sont caractéristiques du trouble borderline. Cette discussion est soutenue avec la preuve de la honte dans les récits des femmes avec un diagnostic de trouble borderline. Il y a des similitudes saisissantes entre ce qui est actuellement caractérisé comme trouble borderline et une réponse accablante de honte. L'identification de l'influence de la honte peut aider les infirmières mentales de santé pour fournir des soins qui répondent mieux aux besoins des femmes éprouvant ces symptômes.
Ca c'est quand je suis avec une personne inconnue ou un supérieur ou quelqu'un avec qui je ne me sens pas trop à l'aise, en règle générale ça ne va pas si loin mais des fois avec des collègues ça m'arrive de demander "pourquoi tu regardes mon pantalon, il a une tache ?" "Qu’est-ce que j'ai, j'ai de la tomate sur la figure ?" Si quelqu’un me regarde dans le bus ou autre, je me sens visée et je commence à me demander "qu'est-ce que j'ai ?"
Q
: Parlez
moi de la honte que vous avez depuis que vous êtes petite
Je
suppose
sans vouloir accuser qu'elle est liée
à mes parents et surtout à ma mère
qui m'a dénigrée depuis assez longtemps.
En fait, d'après son
discours,
j'en
été venue à la conclusion que j'étais "bien"
quand j'étais bébé, jusqu'à la naissance de
mon frère à 2ans et demi, la j'ai eu une jalousie
anormale d'après tous les membres de ma famille. Je l'ai même
poussé sur le radiateur à 18 mois, il en a gardé une
cicatrice sur le crane.
Je pense que ma
mère le préférait un peu, et elle me
rembarrait
très souvent, d'autant que j'étais devenue infernale
(dixit ma mère), sans doute pour attirer
l'attention.
Cercle vicieux.
L’histoire de ma
jalousie et de ce
que je lui faisais subir (coups, etc..) J’ai du l'entendre 1000 fois
pendant
toute mon enfance et après.
Tous mes défauts
(sournoiserie,
mensonge..)
Je les ai aussi entendus très souvent.
Donc pour moi, j'étais
"mauvaise" depuis l'age de 2 3 ans et j'aimais regarder
les
photos de moi bébé, par contre j'avais honte de regarder
les autres photos, puisque cette gamine était "mauvaise". J'avais
honte
de moi, je pensais avoir que des défauts, et cette honte me
faisait me comporter étrangement avec les autres, peu de regards
en face, sourire gêné, coups en douce, etc..
Voila, je me souviens
même avoir
déchiré des photos de moi sur un album, car je ne voulais
garder que les photos ou j'étais "pure", c'est à dire quand
j'étais bébé.
Je pense que mes
parents ont très
mal géré ce traumatisme qu'a été pour moi la
naissance de mon frère, et que devant mon comportement anormal,
ils se sont énervé sans comprendre que je commençais
à dériver.
Q
: Parlez
moi de votre peur du ridicule
Quand j'étais en
classe, je
me rappelle que je n'aimais pas trop aller au tableau car j'avais peur
de ne pas savoir, de dire une bêtise et que les autres se moquent
de moi ou la prof.
Quand je savais, ça allait, j'aimais y aller, par contre quand j'avais le "vide", je faisais volontairement n'importe quoi et je disais des bêtises pour ne pas avoir l'air stupide, j'y gagnais en général une punition mais je préférais.
Maintenant, je n'ai plus trop peur de ça. Par contre, j'ai quand même peur d'avoir l'air stupide dans d'autres situations, je n'aime pas qu'on me remarque, du genre je me suis ouvert le pied en faisant du vélo, je marchais de manière ridicule (je boitais fortement) alors je me suis assise sur le banc en attendant que les autres personnes derrière passent devant moi, et quand j'ai été de nouveau seule j'ai marché vers une cabine téléphonique. J'avais peur qu'ils se moquent de moi, je ne voulais pas leur demander de l'aide.
Q
: Parlez
moi du " je suis au milieu d'une foule de 1000 personnes, un
groupe se
met à rire, je sais qu'ils se moquent de moi "
Cela m'arrive un peu
moins avec l'age
mais un peu encore. Effectivement, tout
rire est
pour moi "suspect", "ils rient de moi ?"
Ca m'arrive encore,
dans la rue ou
autre, si par hasard deux personnes rient
quand
je les croise, je ne peux pas m'empêcher de me dire qu'elles rient
de moi, en général je me regarde pour vérifier
que je n'ai rien sur mes vêtements, réflexe ! Ou si
je
vois des personnes se parler tout bas "elles parlent de moi".
Q
: Comment
ressentiez-vous la moquerie ?
Tous
les
enfants et ados se moquent des autres ou subissent la moquerie,
mais pour
moi, me faire moquer était une épreuve redoutable, capable
de me mettre à plat pendant des jours et de provoquer de la haine
à l'encontre de la personne qui l'avait faite (que ce
soit pour rire ou non).
Je
pouvais
alors réagir par les larmes
(cachée ou non), par la violence
verbale ou physique.
Avec mes frères ou mes
très
proches, c'était la violence,
avec les moins proches, les larmes
ou la tristesse.
Le
problème
c'est que je doutais de moi, je
n'étais
jamais sure de moi, de ma valeur, donc fatalement
une remarque me faisait encore plus douter
"Il a dit que j'étais
bête,
et si c'était vrai ?"
"Il a dit que mes
seins tombaient,
et si c'était vrai ?".
Le problème est la,
car voyez-vous,
je
crois savoir que je suis intelligente, je crois savoir que je ne
suis pas
trop moche, je crois savoir que je suis marrante, mais le problème
c'est qu'au fond je n'en suis pas sure !
Donc toute blague me
fait douter,
me fait chanceler, toute ma perception de moi-même s'écroule.
Un exemple me revient
: je casse les
pieds à tout le monde avec mes cheveux, je me regarde dans la glace
20 fois par jour, pour vérifier si des fois je ne deviendrais pas
chauve. Un jour je trouve que j'ai une belle chevelure fournie, le
lendemain
je flippe parce que je trouve que j'en ai beaucoup moins. Une fois, un
ami en soirée à qui j'avais bien cassé les pieds avec
cette phobie a voulu me faire une blague : "Tiens, on dirait que tu
t'éclaircies
!". Ca m'a gâché la soirée, j'ai cassé les pieds
à mon mari pendant tout le week-end, j'étais complètement
anéantie "il a dit ça, tu crois que c'est vrai ?". Je n'ai
été rassurée qu'une semaine après, le copain
a rigolé "non mais tu rigoles ou quoi, j'ai dit ça pour rire
bien sur, t'as vu ce que t'as sur le crane ?"
Je
suis moins
vulnérable maintenant que quand j'étais ado ou à 20
ans, ou la moindre remarque me foutait à plat.
Une autre : Mes parents voulaient me pousser à bosser plus, car je me contentais de la moyenne et ne foutait rien (en fait c'était mon apathie et ma désorganisation qui m'empêchait de bosser à fond) et mon père, croyant sans doute que ça me piquerait et me ferait réagir, me disait parfois "terminale LEP", pour me signifier que j'allais finir en BEP, ce qui par parenthèse est totalement méprisant pour les métiers manuels. Effectivement, ça me faisait réagir : j'en pleurais, ou je me foutais en rogne ce qui bien sur amusait toute la table, je partais dans ma chambre, jusqu'au jour ou quand même ma mère a donné l'ordre à mon père d'arrêter cette plaisanterie douteuse.
Mais ça me faisait
vraiment
mal.
Je ne sais pas si ça à
voir avec la moquerie, mais je me rappelle aussi que je
détestais
l'injustice, quand j'étais accusée à
tort, je me foutais en pleurs,
dans tous
mes états "mais c'est pas moi!!! C’est pas moi!!" Je hurlais, je
ne supportais pas en plus que l'on ne me croie pas, je faisais
presque
une crise de nerfs.
Q:
Pourquoi ça va mieux maintenant que vous êtes adulte?
Ce
n'est
pas parce que je supporte mieux les moqueries, pas du
tout, c'est tout simplement parce
qu'il y en a moins et même nettement moins. d'abord parce
que je "fuis" un peu le
monde extérieur,
pour
moins souffrir j'ai renoncé à beaucoup de choses:
peu d'amis, peu de sorties,etc..ensuite parce que
contrairement
aux enfants et ados, les adultes ne sont
pas cruels,
ils ne se moquent pas pour le plaisir comme le font les gamins,
pour qui c'est juste un passe-temps, ils ne se rendent pas compte.
A cela
j'ajoute qu'un
enfant qui supporte mal la critique, qui y réagit par les larmes
ou la violence ou le repli sur
soi est
quasiment certain d'attirer les moqueries. Regardez un
groupe
d'enfants, celui qui devient le souffre-douleur est fatalement le plus
faible, le moins sur de lui. J'attirais les
critiques
et les moqueries quand j'étais plus jeune, car ça amusait
les autres de me voir pleurer
ou crier,
par contre ceux qui ont subi ma violence physique n'ont pas recommencé.
Q:
Vous dites "je crois savoir..., mais le problème c'est qu'au
fond
je n'en suis pas sure !" Mais qui vous demande d'être sure ?
Personne
ne
demande d'être sure, et je sais que c'est stupide de
me mettre dans des états pareils pour un petit truc, mais
c'est
plus fort que moi.
En plus le
problème
c'est qu'au fond je ne sais pas vraiment ce
que
je suis, ça part dans tous les sens, donc une critique
et ça y est je me dis "je suis vraiment nulle, etc..".
Vous vous
savez qui vous
étes, vous savez quelles sont vos qualités, quels sont vos
défauts. Mais moi non, je ne suis pas sure
de mes qualités, en plus je peux etre tout et son contraire en
quelques
instants.
Je doute de
ce que je suis,
je
ne sais pas vraiment ce que je suis, donc ce que me disent les
autres me
touche énormement.
Je dirais
même que
quelqu'un
pourrait me faire gober n'importe quoi tellement je
doute
de moi, du genre "les flics vont venir te
chercher"
"merde, t'as un découvert de 1 million sur ton compte". Je sais
que ça peut pas etre vrai, la raison me le dit, mais malheureusement
je ne suis pas toujours gouvernée par la raison, et l'angoisse,
la peur de perdre quelque chose, se transforme en doute "et si c'était
vrai ?".
Pour vous
cela peut sembler
incompréhensible mais c'est que j'ai fini par m'habituer, eh oui,
on
s'habitue à tout, même au pire. Mais je ne veux
plus rester comme ça maintenant, j'en ai assez depuis que je sais
que c'est une maladie.
En tous les cas, tout cela vient de mon manque de confiance en moi
Q:
Et la culpabilité ?
J'ai
toujours
eu tendance à me culpabiliser, sans vouloir
accuser je pense la qu'il s'agit un peu de
ma
mère, qui me dénigrait beaucoup, d’après elle c'est
parce qu'elle me voulait parfaite, peut-être ne
savait-elle
pas gérer mes comportements étranges qui, il faut avouer,
doivent être exaspérants.
Donc j'ai
honte de moi,
de ce que je suis, ce sentiment alterne avec des sentiments de
grandeur,
proche de la mégalomanie, qui ne durent pas. J'oscille entre les
deux. Je ne sais pas si vous pouvez
imaginer un
enfant ne voulant pas se regarder en photo tellement il a honte de
lui,
il a l'impression d'être "mauvais". C'est ce que
j'étais,
et encore maintenant je n'aime pas me voir en photo, quand on me prend
d'ailleurs je ne regarde jamais l'objectif.
C'est parce
qu'au fond je
ne sais pas si je suis "mauvaise" ou "bonne" que je suis tellement
vulnérable
à la moindre critique.
Avec l'aimable collaboration de Florence
.
Ouvrages
sur le trouble
.
.
Mise
en garde:
Toutes
les informations
présentes sur ce site sont dans le but d'aider à comprendre
une maladie pour le moins
"particulière"
et déroutante
Mais
aussi et
surtout à soutenir les personnes qui souffrent, malades ou pas.
En tous les cas, il est INDISPENSABLE
d'avoir recours à un médecin
psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste
de la maladie pour confirmer
ou infirmer
un diagnostic
Quoiqu'il
en
soit le nom d'une maladie importe peu, ce qui compte, c'est
d'appliquer
le "bon" traitement à chaque malade
.
.
Dernière mise à jour 2020
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Alain Tortosa, président fondateur de l'aapel
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