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"Le borderline ne 'fonctionnerait' qu'au premier degré".
"Absence
de
recul, méfiance, défense, absence de confiance, critique
impossible."
Introduction
Les personnes souffrant d'un trouble borderline ont généralement un problème avec la confiance.Ce qu'ils en disent
Cela est sans doute lié à plusieurs facteurs:
- Leur manque de confiance en elles-mêmes. En gros un énorme complexe d’infériorité même si elles peuvent parfois sembler arrogantes.
- Le fait qu’il leur arrive de faire aveuglément confiance mais « à mauvais escient » et d’en payer le prix. En clair, à force de se faire avoir, on devient méfiant, voire paranoïaque.
- Le doute qui ne les quitte quasi jamais et les questions récurrentes qui en découlent « et pourquoi m’aiderait-il, pourquoi m’aimerait-il, qu’a-t-il voulu dire avec cette phrase, qu’est-ce j’ai fait qui, que devrais-je ?...
Il découle de ceci de grosses difficultés à avoir du recul sur soi-même.
"... Cela prend du temps pour que de nouveaux choix deviennent naturels. Cela prend aussi du temps de construire une confiance en soi dans sa capacité de continuer à faire de nouveaux choix et les suivre" (A.J. Mahari ,“Borderline Personality Disorder - The life not lived” , borderlinepersonality.ca June 2001).Questions à Mélanie
"Les borderline ont besoin de prendre confiance qu'ils peuvent stopper leur dysphorie sans avoir recours à des comportements auto destructeurs" (Leland M. Heller, MD, “How I Treat the Borderline Personality Disorder”, biologicalunhappiness.com).
"Je ne pouvais pas croire qu'il m'aimait assez, et je ne pouvais pas lui faire confiance si il m'aimait trop" (voir texte complet") (“I Couldn't Trust Him to Love Me Enough…”, bpdcentral.com 2001)
"Plutôt que grandir avec un certain semblant de confiance et d'interdépendance, et d'un sens sain du risque et de besoin j'ai été laissé "sans ressources". Mes besoins n'étaient pas satisfaits. Je n'ai pas développé la confiance. Je n'ai pas appris à aimer. Je n'ai pas expérimenté ce que que l'on éprouvait en étant aimé ou consolidé. J'ai appris à m'abandonner. Soit, comment êtes-vous censés faire confiance aux autres à être là pour vous quand vous continuez à refuser d'être là pour vous?" ... "chaque mot entendu est analysé, disséqué, pour trouver son sens caché" (A.J. Mahari , “The Abandonment Wound” , borderlinepersonality.ca may 1999).
"Les questions les plus importantes sont:
1) avoir tous ses diagnostics traités efficacement médicalement
2) s'aimer soi-même en profondeur
3) reformer son cerveau pour apprendre comme être en bonne santé
Toutes ces choses vous conduiront à vous sentir en confiance et à croire en vous. Quand vous croyez en vous et êtes confiant, vous pouvez gérer ce que la vie vous envoie, l'intimité est atteinte beaucoup plus facilement" (dr heller).
Q : Avez-vous le sens de l'humour, le sens du 2e
degré ?
Je
suis tout à fait capable d'avoir de l'humour lorsqu’il s'agit... des
autres ! Je suis en effet marrante, rigolote d'après les
autres, j'ai de la répartie, je suis capable en soirée d'amuser les
autres.
Q : Vous êtes capable de rire des autres mais de
vous-mêmes ?
Lorsqu’on
fait
une blague sur moi, sur ce que je suis, je ris jaune mais ça me fait mal, et après j'y pense pendant
un moment, je n'arrive pas à prendre du recul.
Q
: Êtes-vous capable de prendre les choses au second degré ?
Je
ne sais jamais si c'est du 2e degré ou non.
Q : Êtes-vous en permanence sur la
défensive ?
En
quelque sorte oui, quand on parle de moi, dans ma famille
surtout, je n'aime pas ça. Je me rappelle certaines réunions où on me
blaguait sur mon désordre légendaire, mon laisser-aller, ça faisait
rire tout le monde et moi ça me donnait envie de pleurer
quand j'étais jeune( vers 12 / 13 ans) et après, quand j'ai grandi, je gueulais "merde, foutez-moi la paix",
ou bien carrément je partais, mais ça
faisait rire aussi les autres "mon dieu, que t'es susceptible", ça
me rendait malade, s'ils avaient su à quel point ça me faisait mal
ils auraient arrêté.
Q: Considérez-vous qu'il y a une grande différence
entre prendre et recevoir ?
Oui il y en a
une, prendre ça veut dire qu'on considère ça
comme un du, recevoir ça veut dire qu'on éprouve de la
reconnaissance. En général, je prends de mes parents, et je reçois des
autres moins proches. Mais là aussi, ça peut dépendre.
Q : êtes-vous apte à donner et à recevoir ?
J'avoue qu'en
général je donne beaucoup plus que je reçois
des autres, sans doute parce que ça
me gène beaucoup d'exprimer des sentiments de reconnaissance,
je suis trop émotive alors c'est très dur pour moi de dire.
"Oh merci beaucoup,
t'es super sympa", je le fais mais je reste gênée, en fait c'est ça, je ne sais pas exprimer mes sentiments,
ça me gène énormément, donc j'essaie d'éviter, ce n'est pas que je me
méfie mais je suis gênée.
Sinon avec mes parents
ça ne me gène pas puisque c'est naturel, je prends et c'est tout.
Q: Une aide non demandée (donc quelque chose que vous
recevez et non que vous avez pris), est-elle selon vous une aide
ou par exemple une agression de l'autre qui soulignerait une
faiblesse chez vous ?
Encore une fois, cela
dépend !
Je
peux prendre une aide non demandée vraiment comme une aide (m'aider
à
faire démarrer ma voiture, m'aider à faire les courses, me ramener
chez moi), mais en général si ce n'est pas mes très proches ça
me gène un peu (cf. question sur " recevoir ") je préfère de beaucoup
aider que d'être aidée. Parfois aussi je
ressens ça comme une agression, comme vous dites ça
souligne
mes faiblesses, comme la fois ou une personne de ma famille
avait compris que je menais une triste vie solitaire et qu'elle me
proposait sans arrêt de sortir avec elle et ses copains, cela
m'énervait car évidemment je sentais qu'elle faisait ça par pitié, et
en plus je pouvais la voir entourée d'amis, joyeuse, alors que moi
j'étais souvent seule et en plus dans ces soirées je m'ennuyais à cent
sous de l'heure, même si j'essayais de le cacher (elle l'a vu
néanmoins et l'a dit à sa mère).
Q:
Vous êtes sur la défensive, donc méfiante, cela vous permet-il de
recevoir ?
Je
ne suis pas toujours sur la défensive avec les autres, mais
effectivement quand je le suis, cela me gène
beaucoup pour recevoir, je suis gênée pour exprimer ma
reconnaissance, voire même je me méfie sur les intentions de l'autre,
je lui prête des intentions négatives, c'est un peu de la parano quoi
!
Du genre "elle
m'invite à sa soirée uniquement pour que je lui prête ma chaîne hi-fi"
ou encore "elle m'invite pour pouvoir se foutre de moi" ou "elle a
pitié de moi" etc... Mais ce n'est pas tout le
temps comme ça, des fois je suis très touchée, mais du coup ça me
gène, je ne sais pas trop exprimer mes émotions, alors
souvent je lui donne aussi quelque chose pour la remercier, c'est le
plus simple pour moi, comme ça je ne suis plus gênée.
Q : Méfiance ?
Je
suis parfois méfiante envers les autres, et même des fois parano,
ça m'arrive en effet, par contre il m'arrive
aussi l'inverse, de faire une confiance totale et aveugle à
certaines personnes, ce qui parfois se révèle négatif voire
dangereux.
Q : L'absence de confiance mène à la méfiance, à la
défensive, à tout prendre au premier degré, à n’avoir aucun
recul sur vous-même et conduit aux conduites agressives ?
Je crois que la violence verbale avec mes très proche "fous-moi
la paix" est une conséquence en effet de mon incapacité à entendre
une critique, du 2e degré ou non, c'est un peu ça.
Je suis "à vif", je n'ai pas de "peau" protectrice, donc la seule façon de me protéger c'est de ne pas
entendre les critiques (même si parfois je suis capable de
m'auto-critiquer voire même de m'auto-dénigrer), donc pour ne pas les
entendre, il faut ou que je fuis, je parte, ou alors j'envoie
ch...violemment celui qui la fait, ou je pique une colère.
Je pense
qu'effectivement il est probable que les
conduites agressives envers les autres, la oui c'est
la méfiance et l'intolérance à la critique qui peut les entraîner.
Q : Tout cela, c’est une inaptitude à recevoir de
plein fouet la moindre critique ?
Oui, je
crois qu'on n'est pas capable d'entendre une critique
donc dés que quelqu’un nous en dit une, il y a
toute une batterie d'autodéfense qui se met en place, même si
après, quand on est seul, on peut se dire "la, il / elle a eu raison
de me dire ça".
Mon conjoint me dit
depuis 6 mois environ "tu as un problème", mais je
n'étais pas capable de l'entendre car j'avais l'impression qu'il
voulait me casser, on croit toujours que les autres nous veulent du
mal, on se méfie, donc j'avais inversé le problème "il est
violent, il veut me casser, me dénigrer, c'est lui qui a un problème".
Mais après ça a fait son chemin, et j'ai fini par me dire que oui, il avait raison. Tout ça pour dire que plus l’entourage nous protège et plus il nous maintient dans cette illusion et nous empêche d’avoir le déclic, d'autant plus que c'est ce qu'on attend : Savoir que notre personnalité détestée est due à une maladie et qu'on n'est pas mauvais à vie, que nos échecs sont dus à notre maladie.
Q:
Tout discours (qui parle de vous) qui n'est pas 100% positif est
une agression ?
Oui, quand
je
perçois une critique, même minime, je ne me
sens pas forcément agressée mais déjà blessée,
sur la défensive. Si c'est un proche
quand il commence à essayer de faire une critique je
me mets en colère ou
je dis brutalement " oui bon je sais ce que tu vas dire, ça
va j'ai pas envie de l'entendre", je ne le laisse pas développer.
Quand c'est un moins
proche j'encaisse ou j'essaie de changer de sujet, de fuir, je déploie
d'autres moyens de défense.
Q: Même un discours 100% positif est suspicieux, il
y a peut-être des sous-entendus ?
Je vais vous
dire : je n'ai jamais aimé que l'on parle de
moi devant moi, que ce soit en bien ou en mal (bon je préfère
en bien quand même !). Quand on dit du mal, ça
me fait mal, ça m'énerve, et quand on fait mon éloge, ça me gène
énormément, je ne veux pas qu'on parle de moi, de mes défauts
ou de mes qualités. Qu'on vante un acte, la oui, mais une qualité, non
je n'aime pas ça me gène.
Q: Une remarque même anodine est en fait une
critique donc une agression ?
Toute remarque
n'est pas forcément perçue comme une critique, mais quand ça l'est, la
oui, je mets en place ma batterie antiaérienne, comme
me
disait ma mère "on ne peut rien te dire", c'est vrai, on ne peut
rien me dire... de négatif, même minime, sans que je le prenne mal
ou que je me foute en rogne.
Q: La moindre remarque fait donc remonter en vous
toute cette souffrance
qui est en vous ?
Oui, c'est un
peu ça, en fait je suis trop fragile, toutes
mes tristesses, mes frustrations, je les ai enfouies, et j'ai peur
d'exploser, que tout remonte, toutes mes peurs, ma peine, lorsqu’on
me fait une remarque, c'est toute ma fragile fondation qui risque de
s'effondrer.
Q : Pensez-vous que cette méfiance, cette absence
de confiance mène aux conduites à risques dont le suicide ?
Non, les
conduites à risques, que je n'ai presque plus d'ailleurs maintenant,
ce n'est pas entraîné par ça, non, c'est à d'autres moments, c'est
aussi impulsif bien sur.
Q : Mais alors c'est impossible de vous parler de
vous ?
Q : Doit-on
vous dire ce que l'on pense sachant que cela va obligatoirement
pour mettre en mode "défensif" en espérant que l'information
fera son petit bonhomme de chemin dans votre tête ou jouer les
faux-culs avec vous et vous laisser dans votre souffrance ?
Parler
de moi, c'est à dire de mes défauts, ou de mes problèmes, oui c'est
quasi impossible sur le moment bien sur, mais après ça fait son
chemin, je suis capable après coup d'admettre une critique, mais
seule et après.
Les très proches (famille, conjoint) ne peuvent pratiquement pas me parler de moi, on parle d'autre chose, politique, boulot, enfants, il y a quand même plein d'autres sujets possibles ! Les moins proches peuvent éventuellement parler un peu plus car je n'ose pas les envoyer bouler, donc j'écoute sans rien dire, j'encaisse.
Mais je suis capable de réfléchir après coup, je ne suis pas hermétique à la critique, mais sur le moment si, parce que je ne maîtrise pas mes émotions.
Epilogue
?
Je pense qu'il
y
a une chose essentielle dans notre personnalité : on peut avoir
toutes les réactions dans une même situation, on ne peut
prévoir avec certitude quel sera notre comportement en face de
telle ou telle situation, c'est impossible, même s'il y
a souvent des choses qui se répète. C'est cela qui est éreintant avec
cette maladie, comment peut-on s'aimer quand notre vie, notre cerveau
est tellement chaotique ?
Vous savez, tout n'est pas simple avec moi, car je ne suis jamais égale, je peux un jour aimer recevoir des autres, le lendemain éprouver de la méfiance... mon problème c'est que justement la même situation peut provoquer chez moi des réactions différentes, voire même contraires, cela dépend des jours, et surtout de mon cerveau hélas. En fait, voyez-vous, ma tète c'est parfois un vrai bor...l, je ne m'y retrouve pas moi-même !
Avec l'aimable collaboration de Mélanie
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Ouvrages
sur
le trouble
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Mise
en garde:
Toutes
les informations présentes sur ce site sont dans le but d'aider à
comprendre une maladie pour
le moins "particulière" et déroutante
Mais
aussi et surtout à soutenir les personnes qui souffrent, malades
ou pas. En tous les cas, il est INDISPENSABLE d'avoir recours à un médecin
psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste de la maladie pour confirmer ou infirmer un diagnostic
Quoiqu'il
en soit le nom d'une maladie importe peu, ce qui compte, c'est
d'appliquer le "bon" traitement à chaque malade.
Dernière mise à jour 2020
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