Trouble borderline ?
Avis sur le film "37.2 le matin" réalisé par JJ Beineix
Tiré du roman de Philippe Djian

Introduction:
Si vous voulez ne pas perdre le suspense du film, je vous invite à ne pas lire ce texte...
Quand j'ai vu pour la première le film 37°2 le matin, je n'étais pas passionné comme je pense l'être aujourd'hui par l'état limite. Cela d'autant plus que le personnage principal semble tourner "psychotique" (dans le film, le toubib dit "folle"). Je m'y suis replongé après avoir reçu un courrier que je cite ci-dessous.

Ce qu'ils en pensent.
 
Point de vue de l'Aapel.
 
Témoignages


Ce qu'ils en disent

"Betty Blue: Beatrice Dalle est brillante comme amoureuse-hanté, qui s'automutile, totalement entrelacée avec son amoureux Zorg classiquement non-borderline, dans ce film français magnifique et tragique" (Helen, “Film & Fiction with Borderline Characters “, Helen's World of BPD Resources).

"Films dépeignant un trouble de la personnalité limite: Betty Blue (1986)" (Susan Nicosia ,“Movies and Mental Illness”, Daniel Webster College Nashua).



Point de vue de l'aapel
J'ai écrit ce texte en partant du dvd de la version longue du film, version qui dure 3H00

C'est un peu comme s'il y avait 2 films dans le film. Pendant le "premier" film, nous pouvons voir une betty "à fond" aussi bien dans les plus (+) que dans les moins (-), puis au bout de 2H15, le "drâme" et une betty qui semble alors totalement psychotique.
C'est un peu pour cela que j'avais hésité à parler de ce film, je ne voulais pas que les personnes qui souffrent d'un trouble borderline puissent penser que l'état limite conduit à la schizophrénie, cela est totalement FAUX (je vous invite à lire la page sur état limite et schizophénie).

Revenons à la première partie, que dire ?
Que je lui donnerais dans les 11 points sur 13 au test, et vraisemblablement 8 points sur 9 sur les critères DSM IV.
Pour ce qui est des critères DSM de la schizophrénie, betty ne correspond pas à ces critères durant la première partie du film, tous ses comportements "bizarres" pouvant totalement s'expliquer par un trouble de la personnalité état limite. (impulsivité pour fuir une réalité qui n'est plus maitrisée, pour fuir l'angoisse, l'état de panique).

Que dire du personnage de Betty, elle est amoureuse de Zorg, certainement plus qu'elle ne s'aime elle-même et c'est sans doute cela qui les condamne dans le film.
Betty est de plus gentille (aime rendre service), impulsive, passionnée, joyeuse, triste, a des cotés "gamine".
Elle change d'humeur en un claquement de doigt, elle a des crises de rage, elle s'automutile (je ne parle pas de la scène finale), elle a des accès de rage, de violence dirigée aussi contre autrui mais ne correspond pas, de toute évidence, à des critères de psychopathe, betty ne s'aime pas, c'est évident.
A un moment on apprend qu'elle prend des médicaments mais on ne sait pas lesquels ni depuis combien de temps.
  Dépressive? non, elle a des moments d'euphorie et de bonheur évidents.
Bipolaire ? non, ou alors "bipolaire à cycles supersoniques"

Reste débat sur la fin... la question se pose dans un premier temps quant à savoir si le film est vraisemblable sur un plan psychiatrique. Pour faire simple, Betty "disjoncte" avec une forte crise psychotique.

Questions:

En tous les cas si l'on ignore la fin du film, nous avons la selon moi un bel exemple de trouble borderline sévère, extériorisant. Une fois de plus j'insiste sur le fait que le trouble borderline ne conduit pas à la folie.

Témoignages
Amandine:
"Je m'étonne de ne jamais voir le film (et le livre) "37°2 le matin" cité, car j'ai toujours pensé que le personnage principal, Betty (joué par Béatrice Dalle), était borderline. Qu'en pensez-vous ?" (amandine).

Lucie:
"En lisant votre envie de publier un commentaire concernant le film 37.2° Le Matin, j'ai sauté au plafond.
Voilà, non mais. De quel droit Alain se permettrait  de faire un lien entre des troubles de personnalités limites et le personnage de Betty ??
Pourquoi est-ce que si souvent, lorsqu'on a à faire à des personnalités "explosives", il a envie de commenter...???
....Une rage violente m'envahit et je ne peux m'empêcher de lui expédier un mail d'indignation contenant notamment la phrase « non, s'il vous plait, Betty n'est pas Borderline, j'en mourrai. »
....2 jours passent et je redescends de mon plafond, je prends du recul.
A la sortie du film, je m'en souviendrai toujours, le personnage, les réactions de Betty m'ont profondément touchées (comme beaucoup d'entre nous)… A l’époque, on m'a même dit que je finirai comme Betty..
La violence qui l'habite face à certaines situations me confrontait à ma propre violence. Quelques années plus tard, j'ai repensé à Betty, un jour, à l'hôpital. Une peur immense m'a envahit. Je me voyais perdre la raison, jour après jour, pour toujours. Le désespoir était immense, le vide total. La peur du non-retour. Voilà "ma fin".

Et quand Alain a abordé le sujet, c'est pas que je ne voulais pas qu’il écrive quelque chose mais j'ai juste eu peur de passer la limite, peur de ne pas "revenir" d'une crise. C'est encore très présent en moi, perdre la raison et finir ses jours à l'hôpital. Mais malgré des actes très violents, je suis toujours "revenue".
" Les troubles borderline ne conduisent pas à la schizophrénie", dixit Alain... et merci de le dire et le redire !
Un passage à l'acte, je parle d'acting (automutilation, comportements dangereux), marque énormément un individu qui souffre de ces troubles lorsqu'il "revient" de sa crise.
Je pense donc que ma peur a été (et est) légitime. C'est difficile dans certains cas d'avoir un miroir en face de nous, douloureux et angoissant. Merci alors pour vos explications et mises au point !" (lucie)


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Auteur Alain Tortosa, fondateur de l'aapel.


Mise à jour 2020