Mon euphorie
Cette
semaine
j’ai pris soins de moi.
A
coup de mise en place de limites draconiennes, de contrôle assidu,
j’ai réussi à ne pas déraper, à contrôler l’aspect destructeur de
mes troubles qui tente chaque jour de prendre le dessus.
J’ai
réussi
à dormir à peu près normalement, à manger non pas comme une bête
sauvage, mais une personne « normale » et enfin, mon grand bonheur,
j’ai fait du sport tous les soirs, permettant d’évacuer la tension
du quotidien qui se crée malgré moi, dans mes relations
interpersonnelles, au travail
surtout.
C’est
génial,
je trouve tout génial.
Tout
me
surprend, la vie est magique et j’ai la même petite étincelle
d’émerveillement dans les yeux qu’aurait une enfant le matin de Noël
en découvrant tous ses cadeaux au pied du lit.
Je
suis gonflée à bloc, en pleine puissance, contrôle total de mon
corps, ma pensée est joie et je me réjouis de tout.
Je
me trouve même jolie, séduisante. Je suis drôle et je fais rire tout
le monde. Je pars dans tous les sens, ça a un côté déstabilisant,
mais ça me fait rigoler, car de toute manière mon fond est
euphorique. Je ne me pose pas de
question, je prends cet état, là, maintenant, car je sais aussi que
tout peut virer en une minute...
Puis de toute manière je sais très
bien que ça ne dure pas, parce que j’ai appris à connaître et
identifier cette montée de bien-être.
Il y a en général deux raisons à cela, qui vont assez de pairs : je suis contente et fier de mes efforts, j’ai tenu toute la semaine, peut-être même deux, chose assez rare. C’est vendredi, le week-end est là, pleins de temps libre juste pour moi, je peux construire ces deux jours de congé comme il me semble, ou bien ne faire aucun programme, j’adore ça. Pas de « confrontations émotionnelles » qui me bousillent. Sinon, juste quelques rendez-vous choisis avec les gens que j’aime le plus au monde, mes amis, les seuls qui ne me déstabilisent pas trop. ….Puis, il y a le fait que, enfin, je vais pouvoir me laisser aller, car je ne dois pas faire attention au lendemain (pas de travail, pas de contraintes, pas de gens à qui parler par obligation), le lendemain j’y pense même pas, tout peut arriver, je m’en fiche. Je vais pouvoir manger autre chose que des légumes, des fruits ou du fromage blanc maigre, no limites, je vais pouvoir fumer plus que 2 cigarettes par jour (chose que je m’oblige en semaine), et surtout, je vais pouvoir boire de l’alcool... (Jamais d’alcool en semaine).
Le
problème,
à partir de là, c’est ces « NO LIMITS », incontrôlables souvent, qui
prennent le dessus, (il faut surtout faire très attention à
l’alcool)... Et lorsque je
dépasse vraiment les bornes, chose qui arrive assez souvent, vu
les contraintes que je m’inflige le reste du temps, tout se
retourne contre moi, le fouet virtuel
(et pas toujours virtuel) réapparaît, plus rien n’a
de sens, c’est le vide total, l’enfer, je dois tout recommencer, être encore plus dure avec moi pour revenir un
peu à la surface.
Jusqu’à
quand
?
Je
sais pas.
Je
suis
épuisée à longue de ce pseudo équilibre qui me permet de m’être
soi-disant réintégrée socialement. Je me rends compte de
l’absurdité de ces deux extrêmes,
mais je n’ai rien trouvé d’autre, pour l’instant, pour ne pas me
noyer, pour ne pas être dirigée par mes émotions et impulsions.
J’arrive pas faire autrement.
Ma
vie
est, pour l’instant, dominée par ce cycle, ces montagnes russes
qui peuvent aussi m’envahir dans une même journée. L’euphorie du moment peut être détruite comme un
château de cartes, juste parce que je me trouvais dans le champ de
vision d’une personne qu’il ne fallait pas.
Mais
bon,
ma mémoire est bonne et quand je suis heureuse, quand y’a pleins de
paillettes et lumière partout, pour moi c’est réel, alors
quand je vais mal, quitte à m’accrocher trois jours à mon lit,
j’essaye de me souvenir du calme et de la joie.
Q: Votre état peut passer dans une même journée de
"soleil" à "nuit" d'un coup mais est-ce que cela peut passer de
la même façon de "nuit" à "soleil" ?
Et vous est il
arrivé dans la même journée d’expérimenter une grande série de -
+ (beaucoup dans la même journée) ?
Lorsque
de
l’euphorie totale je vire brusquement dans la tristesse, toujours à cause d’un facteur extérieur, (ce
changement d'état se produit rarement tout seul comme ça, sans
raison), il est assez rare que
je revienne, dans une même journée, au plaisant stade initial. Car ce qui me blesse, que cela soit sérieux ou
pas, prend normalement des proportions énormes, habite tout mon
être. Au contraire, je vais partir beaucoup plus vite dans la
destruction.
Pour
que
le même jour, je me retrouve toute heureuse, il faut absolument
que j’ai réglé le problème tout de suite,
ou bien que l’un de mes amis m’ait aidé à mettre des distances
appropriées.
Lorsque
cela
arrive, je vous assure, c’est vraiment fatigant, surtout lorsque
encore une fois, dans la même journée, on repart dans le noir, le
négatif. A ce stade là, je rentre chez moi, m’enferme et attends le
lendemain.
Inversement il peut m’arriver de commencer des journées catastrophiques, des journées où l’on se dit qu’on aurait vraiment mieux fait d’avaler un somnifère le matin en se réveillant ( !), qui peuvent aussi virer dans l’euphorie. Avec un événement incroyablement génial…mais c’est bien plus rare, je vous l’avoue, car en général, quand on commence mal, ça demande tellement d’effort pour « tenir » en société, que même face à de bonnes nouvelles, je suis totalement exténuée.
L’euphorie
de
l’état limite, pour moi en tout cas, en comparaison de l’état
maniaque chez une personne qui à des troubles
bipolaires
/ maniaco dépressions est beaucoup plus « rationnelle ».
Cette
euphorie,
même si elle remplie tout mon être de joie et puissance, ce sont
souvent des facteurs assez concrets qui me mettent dans cet état là.
Mais
ce
qu’il y a de génial, est que la moindre chose plaisante me rend
heureuse, donc c’est une conséquence de joies dans une même
journée…j’en ai presque des ailes à la fin.
Mais
c’est
vrai, ça reste très ambigu, car cette joie, cette euphorie m’amène
souvent face à des limites qui se retournent contre moi.
Avec l'aimable concours de Lucie
AAPEL
Merci de lire les
pages dysphorie
A noter que les changements d'humeur font partie des critères DSM du trouble borderline.
On retrouve aussi les
changements d'humeurs dans les critères diagnostiques des Troubles
bipolaires.
Vous êtes borderline mais ne vivez pas l'euphorie de la même façon que dans ces exemples, merci de témoigner.
Mise
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Dernière mise à jour 2020.
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Alain
Tortosa, fondateur de l'aapel