Trouble borderline état limite
Je suis méchante, agressive et même parfois odieuse.

(ou comment ne pas se fier aux apparences).

Témoignage:

Lorsque j'étais petite, j'étais agressive :
Quand j'étais enfant, j'étais agressive et parfois violente et méchante avec les autres enfants, surtout quand je les sentais faibles et vulnérables.
Oui, si je repèrais plus faible que moi j'étais carrement violente physiquement

Quelques exemples:

J'étais capable aussi d'étre très violente parfois. Voila, dans ces deux exemples, c'était plutôt un manque total de contrôle, la crise de rage quoi.
Avec mes frères on se battait très souvent, et quand j'étais en rage je ne sentais même pas les coups, j'aurais voulu littéralement faire de la purée de celui qui était en face de moi. Je ne me controlais plus.

J'étais aussi très souvent sournoise :
Avec les autres enfants, je faisais du mal en douce, comme pincer une copine, lui marcher sur le pied exprès, ouvrir les cartables, prendre les bonnets et les jeter à l'eau, cacher des stylos...
Je me souviens d'avoir manipulé une copine pour la faire détester un gars qui m'avait fait une critique que je n'avais pas du tout encaissée, ce type était du genre gros mou et il voulait sortir avec ma copine, j'ai été carrément monstrueuse, j'en ai honte.

Pourquoi ?
Pourquoi je faisais ça, pourquoi j'étais violente et méchante ? Je crois que déjà je me vengeais sur les autres de ma vie, de mon impuissance surtout.
Les moqueries des autres enfants, je ne savais jamais y répondre verbalement quand on m'en faisais une, j'étais sans réaction, je ne savais pas répondre, et pourtant ça me faisait très très mal.
J'étais déjà hypersensible, la moindre petite moquerie m'atteignait énormément, et surtout je ne savais jamais répondre sur le coup, ou alors si j'étais en rage, par la violence, ou des fois par les larmes.
Je crois que c'est pour ça que j'étais méchante, je me vengeais sur les autres de mon impuissance à m'exprimer, à me défendre
verbalement, à encaisser la critique, donc moi aussi je leur rendais le mal qu'ils m'avaient fait.
Je crois que c'est surtout ça, l'impuissance à se défendre verbalement qui fait que j'utilisais la violence ou la méchanceté, après.
Mais cela je le sais maintenant car quand je faisais du mal enfant, je n'avais pas absolument conscience que c'était une forme de vengeance, absolument pas, car un enfant ne se rend pas vraiment compte du mal qu'il fait, c'est cruel un enfant
Un enfant qui ne sait pas exprimer verbalement sa souffrance, qui ne dit rien quand on se moque ou qui pleure, c'est déjà un enfant à problèmes.
Il est impuissant et en rage de l'être, d'où son agressivité et sa méchanceté, il se venge de ce qu'on lui fait subir.

Statut de "victime"
Pendant tant d'années, je pensais être une victime du monde extérieur
"Ils se moquent de moi"
"Ils ne m'invitent pas"
"Personne ne s'intéresse vraiment à moi, ils sont dégueulasses"
"Pourquoi untel ne me rappelle plus, elle est vraiment salope"
"Ils me laissent toujours de coté"
etc etc....

En grandissant mes rapports d'aggressivité ont complètement changés, surtout avec les enfants
Mon "feeling" avec les enfants, ça a commençé quand j'étais ado, les gosses venaient vers moi, ils m'aimaient sans doute parce qu'au fond j'étais un peu une des leurs, sauf que je savais plus de choses qu'eux.
Je savais les commander et en même temps me rouler par terre avec eux.
Surtout, je savais et sais encore reconnaitre sur le visage d'un enfant la souffrance, l'envie, la tristesse, et donc je les comprennais sans qu'ils l'expriment.
Pourquoi ? Pour la simple et bonne raison qu'enfant j'avais connu tout ça, la peur, la souffrance, l'envie, et que je ne savais jamais les exprimer.
Les enfants ne connaissent pas encore l'hypocrisie, les artifices, ils sont entiers, sans fard, sans hypocrisie, c'est pour ça que je les aime, et puis je les envie car eux, ils ont encore de l'espoir.

Coté agressivité, ça s'est calmé en prenant de l'age mais ça m'arrivait d'être des fois absolument infecte en parole sur une personne que je sentais faible, sans doute parce que moi aussi je l'étais
Je me vengeais de la vie en infligeant à mon tour de la souffrance, mais bon, c'est pas super comme vengance !

La honte.


La honte de ce que j'avais fait étant enfant est venue bien plus tard, quand j'étais une grande ado (18 19 ans).
Pour le mal que j'ai fait quand j'étais plus âgée, disons de 16 à 23 ans, je ressentais la honte disons quelques mois après, voire immédiatement après quand c'était de la violence verbale sous le coup de la colère.
Plus grande, j'étais odieuse avec celui ou celle qui m'avait fait une moquerie qui m'avait  profondément blessée sans pouvoir l'exprimer, j'avais la haine envers la personne, j'étais odieuse, et puis après, j'avais honte de moi-même parce que la moquerie était oubliée, je me critiquais totalement, je me trouvais infâme....

Depuis 5 6 ans, je n'ai plus ce coté odieux, je peux être violente verbalement et même méchante sur le coup, quand je ne me contrôle plus, mais je regrette tout de suite et m'excuse, je ne fais plus des coups sournois aux autres. Je pense que j'ai pris conscience, même si je ne savais pas encore que c'était une maladie, que mes problèmes venaient de moi et non des autres.


Yeux ouverts:
Je sais que tout ça vient de moi et non des autres, même si je n'arrivais vraiment pas à changer, je pensais que mon caractère était ainsi fait et que je n'y changerais jamais rien.
Je pense donc que je pouvais être très méchante parce que je me vengeais inconsciemment du monde extérieur, qui me rendait malheureuse, je n'étais pas encore parvenue à la conclusion que c'était de moi que venaient tous mes échecs, pas des autres, de m… qui était vraiment méchant avec moi, de a… qui ne me respectait pas assez, de p… qui ne m'aimait pas assez....


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On pourrait se dire que je n’ai ou n’avais aucune compassion
Pour ce qui est de la compassion, bien sur que j'en éprouve, j'en éprouve même trop, je ne peux pas regarder des reportages ou on montre des choses tragiques, comme la mère qui pleure devant le corps de son enfant ou des blessés qui crient, sans me mettre à pleurer, sans me sentir très mal. Quand je suis seule je pleure, par contre dès qu'il y a du monde qui regarde avec moi, je cache cette "sensiblerie" derrière une façade d'indifférence, je quitte la pièce, je regarde ailleurs ou pire je rigole, et la les autres m'engueulent "mais t'es dégueulasse de rire, c'est tragique", ils ne voyaient pas que je rigolais pour masquer ma trop grande émotivité. Je suis donc trop sensible, la souffrance des autres à la Tv ou ailleurs me fait mal, mais je le masque
Quand je suis avec d'autre, derrière une façade d'indifférence ou pire de gaieté qui parait monstrueuse aux autres, en fait je ressens la tristesse plus qu'eux.


Ne pas condamner mais aider
Les malades qui souffrent d'un trouble de la personnalité borderline état limite, ou je suppose tout autre trouble de la personnalité, ont un problème énorme pour communiquer avec les autres, donc ils ne vont jamais exprimer directement qu'ils ne vont pas bien et ont besoin d'aide, ils vont essayer de le montrer avec des réactions, des colères, des signes, des dessins, des écrits, des petites phrases en l'air...tout cela, ça veut dire "au secours, aidez-moi, je coule"
Quand un enfant se comporte parfois de façon odieuse, il ne faut pas se contenter de voir son acte et éventuellement le punir mais se poser la question "mais pourquoi il agit ainsi ?"


Florence
(décembre 2OO2)

PS: Ceci est le témoignage de florence mais il suffit de remplacer Florence par Florent, tous les "elle" par "il" et vous obtenez le témoignage d'un garçon borderline. Ceci pour dire que le trouble n'est bien sur pas qu'une "maladie de fille".


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(*) Mise en garde:
Toutes les informations présentes sur ce site sont dans le but d'aider à comprendre une maladie pour le moins "particulière" et déroutante
Mais aussi et surtout à soutenir les personnes qui souffrent, malades ou pas. En tous les cas, il est INDISPENSABLE d'avoir recours à un médecin psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste de la maladie pour confirmer ou infirmer un diagnostic