Préambule
Ceci est le
témoignage de L. sur son vécu de l'intérieur de sa thérapie DBT.
Historique:
Les troubles
aigus sont apparus assez tard (heureusement). Je pense qu'ils
ont toujours été là (maintenant, avec le recul), mais grâce à
ma personnalité positive, tout c'est assez bien contenu.
C'est suite
à une relation terrible, avec une séparation terrible aussi
(j'avais 24-25 ans) que j'ai commencé à descendre la
pente....jusqu'au
jour où je me suis retrouvée aux urgences de l'hôpital de Genève, car
je n'arrivais plus à me rendre compte si j'étais dans le moment
présent ou pas ! (une grande crise d'angoisse, quoi !).
De là j'ai
commencé à voir des psy., à suivre différents groupes de thérapie,
mais toujours pas de diagnostic !
J'ai commencé aussi à établir des liens: l'enfance sur-protégée de ma mère, mais en même temps hystérique et complètement lunatique, abus sexuels à 15 ans, une adolescence (côté sexualité) complètement chaotique...
Revivre
tout
ce parcours avec des yeux "lucides" m'a fait descendre au plus bas
et voilà.
Abus
médicamenteux, TS, violences, abus d'alcool, qui à chaque fois m'ont
amenés en clinique psychiatrique en entrée "non-volontaire"....ou
presque à chaque fois! Le diagnostic est posé à ce moment, à cet
endroit.
En fait, au bout d'une vingtaine d'hospitalisations,
les médecins ont voulus me changer de pavillon et m'interner dans une
maison avec des cas "lourds", pour un minimum de 3 mois.....là, alors,
je peux vous dire que j'ai eu un déclic !!!!
Je me suis
enfuie (plusieurs fois), jusqu'au moment où j'ai réussi à
avoir une interview "spéciale" avec le chef de clinique.
Nous avons
essayé de trouver un compromis, car je n'allait toujours pas très
bien. La cheffe de clinique a accordé ma
sortie, à la condition de suivre la thérapie de L. Marshall (DBT)
régulièrement. Ce que j'ai
accepté, bien sûr et je ne comprends pas
pourquoi on ne me l'a pas proposée avant...
Avant de démarrer la DBT:
Avant de
démarrer la dbt quelques règles sont mises en place.
Il n'y avait aucun engagement de durée, ni minimum,
ni maximum.
On faisait
le point régulièrement.
Nous
pouvions
"louper" 3 séances max. de suite, et nous étions
toujours acceptés, mais au delà, nous n'étions plus admis et nous
recevions une lettre comme quoi la thérapie avait pris fin pour nous.
(Et oui! C'est les règles !)
Pour fixer
des repères, je dirais que lors du
diagnostic, j'étais à 11 points du test
"bien forts".
La DBT:
Il y avait 2
thérapeutes, une psychiatre et une psychologue et 4 patientes (2
patientes par médecin, bien sûr !)
Nous avions
un entretien individuel par semaine et une réunion toutes les six par
semaine aussi.
C'était une
période où je commençais juste à aller mieux, mais il y avait encore
pas mal de "passages à l'acte"...
Individuellement,
on travaiIle énormément sur le quotidien, genre "Qu'est-ce qui a
déclenché cette colère ?" ou "Qu'est-ce qui fait qu'une simple
contrainte nous amène dans un état émotionnel ingérable ?".... C'est
vraiment du quotidien.
De temps en
temps on pars dans le passé, mais bien sûr, avant de pouvoir en
parler, du passé, il faut savoir vivre au présent !
Le but, en
fait, est vraiment d'arriver à gérer, d'une part, son impulsivité,
et d'autre part, à mettre des distances avec les événements, prendre
du recul.
Je pense que
l'on peut appliquer cette stratégie à plusieurs niveaux:
Il y a le
niveau "crise post-hôpital", dans lequel nous étions les quatre
patientes, et dont le but était de gérer l'impulsivité
pour ne pas passer à l'acte, surtout. Puis, avec le temps, cela nous
apprends à gérer une colère inappropriée, débordante, ...enfin, gérer
la réaction à l'émotion, vous voyez ?
Mais bon,
par exemple, en période de crise, la
thérapie dit que si nous passons à l'acte (abus de
médicaments, actings....) nous ne
pouvons ni appeler, ni voir nos thérapeutes pendant 24 heures.....(moi
je prenais ça comme un genre de punition, non seulement on est super
mal de s'être fait du mal, mais en plus on peut pas parler avec la
personne qui nous suit....!!!).
C'est
peut-être la seule ombre de la thérapie, pour moi.
Sinon, nous disposions des n°. même personnels des
thérapeutes, que nous pouvions appeler tout le temps et qui
étaient toujours disponibles pour nous aider, le but étant
toujours de tout faire pour ne pas se faire du mal.
Quand nous
nous réunissions en groupe (personnellement, je détestais ça...),
nous parlions chacune de nos "débordements" hebdomadaires, qu'est
qu'on avait mis en place pour essayer de gérer.
Style:
"Ma mère m'a
mal répondu, j'ai senti que ça montait en moi, j'ai voulu briser une
ampoule, mais j'ai réussi à occuper mes pensées par autre chose, j'ai
monté des blancs d’œufs en neige, ou je suis sortie marcher au bord du
lac...." Je rends l'idée??!!
Chacun
racontait un peu sa semaine, après on voyait ensemble de nouvelles
stratégies à mettre en place, puis autres bonnes phrases et comme ça
passait 1 heure et demie!
Aujourd'hui, avec le recul, je crois que ça m'a vraiment aidé, surtout dans le fait de mettre en place quelque chose, de s'occuper, pour faire passer la tension, mettre des distances aussi.
"Fin" de la thérapie.
Je vous
avoue une chose, je suis quand-même partie
de cette thérapie après 6-7 mois...mauvaise entente
avec la psychologue .... C'était une femme vraiment gentille
compétente et disponible, mais aucun feeling, épidermiquement elle
m'énervait, donc à la longue, je ne pouvais plus travailler avec.
Je ne
regrette pas d'avoir mis fin car la relation
avec la thérapeute devenait vraiment pénible. On peut pas s'entendre
avec tous le monde, non?! Mais effectivement, c'était évitable.
L'après thérapie
Aujourd'hui j'ai encore 8 points sur le test,
certains toujours très forts et d'autres bien atténués et gérables
Je
vais
par contre reprendre ce type de thérapie prochainement,
pour diverses raisons, ici, à Genève.
Je n'aime
pas tellement effectuer des thérapies "en cabinet privé". Je suis
suivie par le département de psychiatrie des Hôpitaux Universitaires
de Genève. Il y a des gens biens, des gens moins bien. En général ils
sont assez jeunes, donc pas trop blasés, mais aussi des fois pas trop
d'expérience. Il y a aussi des infirmiers et en cas d'urgence, on
trouve toujours quelqu'un.
Vous voyez,
à Genève, c'est l'hôpital même qui s'occupe des ces thérapies.
J'ai entreprise la dbt voilà 4 ans. Le bénéfice est durable, oui. Je continue à mettre en place des "occupations" pour faire que l'émotion ne m'envahit pas. Mais il n'y a pas eu de succession d'échec, bien au contraire, les choses n'ont fait que s'améliorer.
Avec l'aimable concours de L.
AAPEL
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psychiatre et ou psychothérapeute spécialiste de la maladie pour confirmer ou infirmer un diagnostic
Quoiqu'il
en soit le nom d'une maladie importe peu, ce qui compte, c'est
d'appliquer le "bon" traitement à chaque malade