AAPEL
"Vous dites n'importe quoi, je n'ai pas une maladie, borderline c'est ma nature"
puis
"... merci vous m'avez ouvert les yeux"

Préambule
Ceci est le témoignage de z., la vingtaine qui n'a pas hésité à faire éclater sa colère pour nous dire que ce site n'était qu'un ramassis de "co...ries".


Nous vous invitons à lire son témoignage mais jusqu'au bout, d'abord parce que sa lettre est très émouvante, mais aussi car elle vous permettra de voir que la vérité est parfois douloureuse, mais qu'après l'on se sent mieux.

Demandez donc à Z. s'il pouvait imaginer être sur le chemin de l'espoir lorsqu’il nous a écrit la première fois pour nous insulter ?
Certainement pas !
L'avenir n'est pas écrit et ce même pour un borderline !
A bien sur, le chemin sur lequel il va devoir marcher sera parsemé d'obstacles et d’embûches, à bien sur il continuera à être parfois odieux, même avec ceux qui sont la pour l'aider, mais il ne me contredira pas si j'affirme qu'hier il était perdu ne sachant pas quel chemin prendre mais qu’aujourd’hui il connaît la direction

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Témoignage de Z.
"Lorsque j’ai visité le site de l’AAPEL pour la première fois, je suis tombé dans une colère noire, comment ma souffrance pourrait t-elle être la conséquence d’une telle simplicité ?

Non ils se trompent, c’est impossible !
Je suis ce que je suis comment pourraient t-ils comprendre ?
Dire que cela est biologique, pffff !!! Je suis différent c’est tout.

J’ai alors lu des affirmations comme quoi les troubles de la personnalité limite étaient dus à une hormone du nom de Sérotonine, hormone qui favorisait le passage à l’acte du suicide.

Rien de plus ridicule, ma souffrance est psychologique, tout ce qu’ils veulent c’est me droguer pour me rendre plus malléable.

Mais pire encore, que mes déprimes et autres ne sont pas ma nature mais une maladie mentale. Jamais je ne me suis senti si insulté. Je m’estime comme un être intelligent, je ne suis pas un fou.

Dans la seconde qui a suivie j’ai cliqué sur le lien de leur adresse e mail, pour leur prouver que leur site n’était qu’un ramassis de bêtises ( Pour être poli).


J’ai écrit ma colère :
" Borderline, d’abord les médicaments après le lavage de cerveau ; Non soyons sérieux, la personnalité limite n’est pas une maladie biologique et encore moins héréditaire, comme son nom l’indique, elle touche la personnalité, donc la psychique. "

Je leur ai dit que " Oui je considère cet état comme ma nature car la souffrance donne la clairvoyance, l'absence d'espoir n'est elle pas la plus équivoque des réalités. L’univers est infini ce qui veut dire ni commencement ni fin, ce qui induit que la vie de par son essence n'a pas de sens. ".

Je leur ai posé une question :  " Comment pouvez vous considérer le trouble de la personnalité comme une maladie biologique ? " Cette phrase me semblait résumer l’antithèse qui s’imposait à moi.

Mais voilà, au fur et à mesure que je tapais sur mon clavier, je me sentais de plus en plus apaisé, j’ai donc présenté mes excuses.

Après l’envoi de mon mail, j’ai relu certaines pages…

Mais voilà ! Je me suis vite aperçu que je n’avais lu que ce qui m’arrangeait, ce qui me permettait de me mettre en colère en faisant semblant d’ignorer tout ce qui n’allait pas dans le sens de ma rage, mais le plus déstabilisant c’est lorsque je suis tombé sur la page des différents mécanismes d’autodéfense des border line : il nie la réalité, se ment à lui-même et aux autres par des réflexes dont il n’a même plus conscience.

Et là il était trop tard pour que ces réflexes se mettent en marche, cette colère n’était en faite qu’une réaction de défense pour m’empêcher d’ouvrir les yeux sur mon état.

Je continue donc ma lecture :  " tendance à éviter les situations conflictuelles, tendance à ne pouvoir être en phase avec ses émotions…et j’en passe ".

Une impression de vide s’est emparée de moi, mon esprit était vide de quelconque pensée, la peur, l’angoisse puis les larmes.

Pourquoi tout cela ? Pourquoi cette colère ? Pourquoi ces larmes ?
L’espoir est-il si terrifiant pour que je ne veuille pas y croire et ainsi tenter ma chance de prendre ma vie en main.

NON ai-je crié en moi, la normalité ne sera jamais une réponse à la solitude et à la souffrance.

Cette voix, d’où vient-elle sinon de ma peur, du conditionnement mentale que je me suis infligé pendant toutes ces années de mensonges.

Admettre qu’on est malade c’est admettre qu’on a besoin d’aide.

La lucidité n’est pas dans la souffrance mais dans l’espoir.


Maintenant je les ai ouverts, je peux dire merci à l’AAPEL pour leur franchise, ils ont eu le courage de me dire ce que personne ne m’a jamais dit, ils ont comme philosophie de ne pas nous ménager, de ne pas nous traiter comme des handicapés mais de nous dire ce qu’ils pensent, de nous donner un avis compétent même si cela doit nous mettre en colère.


Et c’est bien cela qui m’a décidé à l’admettre, le fait qu’on ne me materne pas, qu’on me dise la vérité, une vérité que si je nie ne veut dire qu’une chose : que je choisis d’être une victime et que j’ai la trouille, c’est tout.

Et particulièrement cette phrase qui reste la plus importante pour moi :


Si vous êtes malade vous n’y êtes strictement pour rien, si par contre vous n’êtes pas acteur de votre guérison c’est votre responsabilité pas celle des autres.


C’est là que j’ai compris que moi qui n’avais pas peur de la mort, j’avais peur de croire, j’avais peur de l’espoir.

Notre entourage a bien souvent le réflexe de ne pas nous dire ce qu’ils pensent pour justement éviter nos réactions disproportionnées et cela n’est pas une bonne chose.
Oh oui ils pensent que c’est pour notre bien mais ça ne fait que nous enfoncer dans notre maladie, ils participent à notre déconstruction.
Je m’adresse à tous les parents en disant cela : Oui la vérité fait mal, oui la vérité blesse mais elle n’en demeure pas moins la vérité.

L’AAPEL représente l’espoir, ils assument le rôle que certains de nos amis et de nos parents ont été incapables de prendre, c’est pour cela que je les remercie car ils m’ont convaincu de mon avenir était entre mes mains et que l’espoir pouvait être une réalité si je décidais de prendre mon problème à bras le corps et de me battre et non plus utiliser mon énergie pour m’autodétruire mais pour guérir.


GUERIR, c’est cela le plus effrayant, cela veut dire quitter une fatalité qu’on avait accepté pour embrasser la vie et ses joies.

La solution est simple, il faut demander de l’aide. Si les personnes qui vous entourent ne daignent pas prendre les devants, laissez des indices ou alors demandez des conseils… Car une fois que l’on est au courant de sa maladie il n’y a plus aucune excuse.

Deux des plus grandes leçons que j’ai apprises sont les suivantes :

Je voudrais finir sur un extrait d’une chanson de Florent Pagny.

[…]

Savoir souffrir,
En silence sans murmures,
Ni défense ni armure,
Souffrir à vouloir mourir.
Se relever,
Comme on renaît de ses cendres,
Avec tant d’amour à revendre,
Qu’on tire un trait sur le passé.

[…]"

Z.

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