Ton sexe et ton age (pour situer, ça aide)

-Féminin, j’ai 17 ans

Es-tu (selon toi) «Borderline»? (que tu sois diagnostiqué(e) ou pas)

A)Oui, Ca y ressemble bien

Quel a été le déclic, qu’est-ce qui fait que tu es en train de remplir ce questionnaire?

Je me suis mis a m’automutiler il y a peu, alors j’ai fais des recherches sur internet à ce propos. Je suis tombée sur ce site, alors je cherche à en savoir plus, sur moi et sur ce que je fais.

Es-tu diagnostiqué(e) «Borderline»par un professionnel (docteur, psychologue, etc) ?

-Non , je n’ose pas aller voir un médecin
 

Diagnostic / Comportement
IMPORTANT: Combien tu as de points sur le test en 13 points?
(si tu es sur le chemin de la guérison merci de préciser aussi combien tu en avais avant).(disponible sur www.aapel.org/test)
  J’ai 9 points.

Qu’est ce qui d’après toi ne colle pas chez toi, qu’est-ce qui va pas?
 Je me sens mal, dans ma peau et dans ma tête. Je ne m’aime pas . Toute cette souffrance remonte à l’enfance: des épreuves familiales difficiles ( divorce des parents, problemes diverses ) et une experience personnelle traumatisante ( atteinte sexuelle) . Je n’arrive pas à exprimer toute cette souffrance que je garde enfouie en moi. J’ai l’impression de souffrir presque constamment parce que cette douleur, que j’ai voulu enfermer au fond de moi pendant longtemps, remonte de plus en plus en ce moment. Ainsi, j’ai commencé a me mutiler, et j’ai des troubles alimentaires grandissant. J’ai perdu le goût de vivre que j’avais avant .

Est-ce que tu te sens «comme les autres», «comme tout le monde»?
-
-   Non, pas du tout, je me sens incomprise, et tres différente.
-

Quand est-ce que tu as compris que tu n’étais pas comme tout le monde?
Je l’ai compris déjà lorsque j’ai vécu des choses difficiles, durant mon enfance. Je voyais bien que tout le monde ne vivait pas la même chose . Mais c’est surtout récemment que je m’en suis rendu compte. J’ai commencé a m’automutiler tellement la souffrance en moi était trop grande. De plus, j’ai des visions assez noires de la vie, que je n’avais pas avant, je ne m’aime pas et l’avenir ne veut plus rien dire. Donc, je me suis vite sentie très différente.

Est-ce que t’as l’impression d’être malade? (comme quelqu’un qui n’est pas en bonne santé)
-Oui

En quoi t’as l’impression que tu as ce trouble, cette maladie, «borderline»?
Je me sens mal, je ne m’aime pas. Des fois tout va mal, puis quelques minutes après ça va beaucoup mieux, j’arrive à recroire en tout, recroire en moi . Ce sont des bons moments, qui ne durent pas longtemps, puisque ma souffrance revient et je me sens à nouveau seule, ne voyant pas l’avenir. Je suis très impulsive: parfois je suis très calme et soudainement je m’énerve très rapidement, au point de vouloir frapper sur quelqu’un.. Mais il n’y a personne, alors  c’est à moi que je fais du mal.. Je suis également très anxieuse, stressée, j’ai même des tics assez bizarres, que moi seule comprend. En faites ce sont des superstitions, des angoisses, (comme penser à la mort d’un proche, a un accident ..,ou même des choses beaucoup plus simples et stupide, comme avoir une mauvaise note à l’école ou rater quelque chose que j’ai entrepris) qui me font accomplir des sortes de rituels. Comme si accomplir ces petits rituels allait empêcher ma superstition de se dérouler. Donc je suis tout le temps anxieuse. Finalement avec tout ça, j’ai plus envie de rien faire, juste dormir, ne voir personne et rester seule. Je pleure parfois n’importe quand, pour des choses démesurées ( grave ou parfois peu grave). Et je me dis souvent que la mort est peut-être la seule solution. J’adopte des comportements dangereux, et j’en suis très consciente: je me coupe, j’ai des troubles alimentaires parfois ( boulimie)

Symptômes, problèmes
As-tu des problèmes de relations avec les autres? (pour rentrer en contact, garder des contacts ou des amis, être bien «au naturel» avec les autres)
-Oui, j’ai du mal à me confier vu que je n’ai confiance en personne. Je n’ai pas de mal à aborder les autres, mais c’est pour garder un contact que c’est difficile. On dirait que tout le monde me fuit vu que je vois tout le temps tout en noir. Alors je dois jouer un jeu, et faire comme si tout allait bien.
-

Te sens-tu «esclave» ou «victime» de tes émotions, (ne pouvant par exemple maîtriser ta colère)?
-De plus en plus, je suis esclave et victime. Victime de cette souffrance et ces douleurs qui grandissent chaque jour, et victime de mon automutilation, qui empire les choses. J’en suis aussi esclave, puisque je suis attachée à elle, ne pouvant faire autre chose pour me soulager qu’aller me couper. Je pense que je suis victime et esclave de mon passé.

Es-tu du genre angoissé(e), anxieux(se), genre peur au ventre? (même si ça se voit pas)
-De plus en plus, voire trop. Comme je l’ai dis plus haut, j’ai des rituels bizarres, qui grandissent. En faites, j’ai des pensées noires par rapport à mes proches ou à moi. Je pense par exemple à leur mort, a un accident, ou bien même à des choses beaucoup moins grave et beaucoup plus stupide, par exemple je pense à quelque chose que je souhaite qu’il se réalise dans de bonnes conditions.. etc. Alors j’accomplis des rituels bizarres, des tics et des manies , qui , selon moi, feront que ces pensées, ces «mauvaises» pensées ne se réaliseront pas, ou se réaliseront ( si je le souhaite). Je me sens même redevable de mes propres manies. Je ne pourrais pas ne pas les faire, parce que sinon il se passerait quelque chose de pas bien, mes pensées noires vont se réaliser. Tout sera de ma faute, parce-que je l’avais pensé. Donc ça m’angoisse beaucoup, j’ai tout le temps peur de mes propres pensées.

Est-ce que tu as l’impression que cette phrase parle de toi? «Les borderline auraient tendance à réagir plus fort que les autres pour des «broutilles», et à mettre plus de temps pour récupérer. Ils auraient des « pic » d’émotions plus élevés pour de petites provocations et prennent plus de temps pour récupérer»
-Oui exactement. Parfois j’ai des réactions tellement démesurées pour quelque chose qui n’en vaut pas la peine. C’est à dire que je me met dans un état pas possible pour des choses stupides. Par exemple un commentaire très anodin de quelqu’un peut me faire sortir de mes gonds, alors qu’il n’y a pas lieu  de s’énerver. Ou bien il m’arrive de pleurer pour des choses bêtes, très bêtes. Et ces réactions prennent des proportions démesurées: ces émotions perdurent, et je peux me sentir mal aussi longtemps pour une broutille que pour quelque chose qui vaut la peine de s’angoisser. Tout ça arrive tout d’un coup.

Est-ce que tu as l’impression que cette phrase parle de toi? «Les malades sont incapables d'avoir des rapports humains "normaux" et donnent l'apparence de ne pas ressentir toutes les émotions, d’êtres insensibles. En fait ce serait plutôt qu'ils sont trop sensibles.
-Oui, d’abord je pense que mes rapports avec les autres ne sont pas normaux parce que avec eux je ne suis pas entière. Personne ne me connaît vraiment, et j’ai facilement des engueulades ou des incompréhensions avec quelqu’un parce que je suis sur le fil: en faites c’est vrai, je suis peut etre trop sensible. Trop sensible dans le sens où chaque émotion, qu’elle soit douleur ou joie, est disproportionné chez moi, par rapport à quelqu’un d’autre. Ainsi je peux rester sans réaction face à quelqu’un qui me raconte quelque chose de grave, pourtant je ressens une très forte émotion au fond de moi, que j’exprime une fois seule.

As-tu des sautes d’humeur fréquentes, intenses et imprévisibles? (passer par exemple très vite de la joie à la tristesse) (même si tu les caches)
-De plus en plus. Parfois tout va bien, puis deux minutes après tout va mal. Je suis très impulsive, donc n’importe quand je peux avoir une réaction démesurée: violence, pleur, tristesse, même bonheur. En faîtes une forte tristesse peut venir soudainement, alors que tout allait bien il y a 5 minutes.

As-tu des colères inappropriées, injustifiées, notamment aux yeux des autres? (même si tu les caches)
-Oui, un peu. Je peux me mettre en colère pour quelque chose qui mérite que je me mette en colère, selon moi, mais pour les autres il s’agit d’une broutille, de quelque chose de pas important qui ne mérite pas un «excès» de ma part.

Es-tu du genre seul(e) ou entouré(e) d’ami(e)s, sortant souvent?
J’ai des amis qui m’entourent, que je vois souvent et avec qui je sors assez souvent car j’ai de bons rapports avec eux. Mais dans le fond je me sens seule puisque même aux yeux de mes amis les plus proches je joue un jeu constant: celui de quelqu’un qui va bien.

Souffre-tu de solitude? (que tu sois seule ou pas)
-De plus en plus, j’ai le sentiment d’être quasiment seule.

As-tu souvent des moments de tristesse, un sentiment de vide, coupée du monde et à quels moments?
-Oui, énormément. Cela arrive souvent le soir, même très souvent, puisque c’est d’abord le moment où je suis seule, dans ma chambre, et qu’il n’y a rien à faire, mais également parce que c’est la fin de la journée alors mes nerfs lâchent: je me sens vide, seule, je suis triste et je pleure. Ca arrive parfois en journée, mais c’est le plus souvent quand je suis toute seule.

As-tu des moments d’euphorie (sentiment de bien être, joie intérieure, confiance) et à quels moments?
-De moins en moins, il m’arrive parfois, de me sentir très bien, et d’avoir le sentiment que tout va rentrer dans l’ordre, que tout va s’arranger et j’ai confiance en l’avenir, mais ces moments sont très très rares. Ils interviennent en général lorsque j’arrive un petit peu à parler à quelqu’un, lui dire que je ne me sens pas très bien en moment, sans trop entrer dans les détails toutefois.

Est ce que «ça se voit» quand tu vas pas fort?
Je ne sais pas. Je joue très bien le jeu alors ma famille ne le voit surement pas. Mes amis les plus proches s’en rende compte parfois, pas tout le temps parce que je veux toujours faire comme si ça allait bien, et j’y arrive des fois.

Est-ce tu arrives à te maîtriser "quand il le faut" pour cacher ton étatet faire croire que ca va ?
-Oui, j’arrive à me maitriser devant les autres, quand il est nécessaire Par exemple devant mes professeurs ou bien ma mère. Je joue le jeu presque parfaitement. Seulement parfois c’est trop dur, et c’est face à mes amis que je ne sais plus me maitriser.

As-tu 2 vies? (ou plus), c’est à dire plusieurs façons d’être avec les autres. Une vie lorsque tu es avec du monde, et une autre avec des façons de faire très différentes lorsque tu es tout(e) seul(e) (sans "témoins" ou avec ta famille)?
OUI j’ai deux vies!! La première c’est la façade. Celle qui fait croireque tout va bien, que je suis une jeune fille heureuse de vivre, heureuse de tout, qui aime sa vie et qui s’aime elle-même. cette façade là c’est celle qui paraît devant les autres.
Ensuite mon autre vie, c’est la vraie. Celle qui fais que je suis moi, mes états d’âmes, mes vraies souffrances, mon mal-être et mon secret. Le fait que je m’automutile, que ‘jai des troubles du comportement alimentaires, que je pense au suicide.. ça personne ne le sait. Je suis deux personne opposées, personne ne me connaît sous le deuxième angle.

As-tu peur de te retrouver tout(e) seul(e), d’être abandonnée?
-Pas vraiment, en fait je me sens déjà abandonnée. Pourtant j’ai une famille et des amis qui m’entourent et me protègent, mais dans le fond je suis seule dans ma souffrance. Par contre, c’est vrai que l’idée qu’un de mes proches disparaisse m’effraie, dans le sens où je les aime énormément. Dans ce cas là, oui la solitude m’effraie.

Est-ce tu est dépendant(e) de quelqu’un, tu peux pas prendre de décision sans lui demander avant?
-Non pas vraiment . je suis dépendante de moi même ou bien j’évite d’avoir des responsabilités, parce que je me sens tellement incapable de prendre des décisions. Dans le cas où je dois en prendre, je le fais moi même

D’après toi, est-ce que les personnes «gentilles», ça existe (qui peuvent aider, donner…, «gratuitement»)?
-Je ne sais pas. Je pense qu’il y a des limites à la gentillesse. Quelqu’un peut être gentil, aimer, aider, donner, sans jamais rien demander en retour. Mais l’Homme est profondément mauvais. Alors la gentillesse ne dure jamais longtemps, ou finit par être hypocrite.

Est-ce que tu as l’impression que cette phrase parle de toi? «Certains malades Borderline ont des fois un comportement d'adulte et des fois un comportement d'enfant perturbé, ils ont un mode de pensée noir et blanc. Ils pense que est X ou Y est "tout bon, tout gentil" ou "tout mauvais, tout méchant"»? (sans «milieu», il aime ou il déteste)(surtout avec les personnes qui te sont pas indifférentes, des proches)
-Oui, je me sens parfois très adulte dans ma façon d’analyser, de réagir, ou simplement de vivre. Mais je me sens rapidement très enfant lorsque je pleure, et que j’ai besoin de crier à l’aide, pour que l’on sache à quel point j’ai mal au cœur . Ensuite, c’est exactement ça: il n’y a pas de juste milieu. Je ne peux pas « aimer un peu quelq’un», ou bien « faire semblant d’aimer quelqu’un», J’aime très fort, trop fort, ou je n’aime pas et je déteste.

Est-ce que tu as l’impression que cette phrase parle de toi? «L'adulte qui va bien chez le patient Borderline est une illusion. Pour pouvoir vraiment lui parler, il faut parler à l'enfant qui est en lui»
-Oui très. Dans le sens où la base de la souffrance remonte à l’enfance et à ce qu’on a pu vivre. Ces souffrances se répercutent plus tard, mais la source est bien plus loin. Donc pour connaître le fond du problème, et peut-être le régler, il faut remonter à l’enfant qui sommeille en chacun de nous, et sème le désordre chez moi.

Est-ce que tu te reconnais dans les mots «homme enfant» «femme enfant»?
-Oui. Je suis presque une femme, physiquement mais aussi parfois mentalement parce que je me sens adulte. Mais c’est vrai que je suis enfant, puisque par exemple j’adopte des comportements dangereux ( automutilation.. etc ), comme un enfant qui n’a pas conscience du danger, et qui cherche à se cacher.

Est-ce que tu as l’impression que cette phrase parle de toi? «Les patients souffrent souvent de désorganisation et sont capables de se noyer dans un verre d'eau. Il y a souvent la même "pagaille" dans leur quotidien que dans leur tête»
-Non, j’arrive à conserver un ordre des choses assez cohérent. Dans mon quotidien, mes cours.. etc je ne ressens pas spécialement de désordre, bien qu’il m’arrive parfois de ne plus savoir où j’en suis si j’ai passé une période de profonde tristesse plus longue que d’habitude.

Si tu as répondu plutôt «non». Cette organisation ne serait elle pas un «fausse» organisation pour essayer de cacher que tu n’as pas confiance et que tu as peur de tout ce qui est imprévu
-Oui je pense.  J’ai énormément peur de l’imprévu et je n’ai pas confiance , ni en moi, ni en mon avenir etmon environnement. Il y a un ordre apparent dans tout ce que j’entreprend, qui traduit peut-être une grande peur chez moi de quelque chose qui pourrait venir tout chambouler.

Est-ce que tu es quelqu’un de rationnel? (que tu crois pas à des trucs comme la télépathie, les revenants, l’astrologie, 6 ème sens,…)
-Oui je suis rationnel(le) mais j'ai quelques petits trucs "bizarres". Je pense que l’astrologie, la voyance et toutes ces choses là sont des pures moqueries. Pourtant j’ai des superstitions bizarres: par exemple faire de petits rituels à cause d’une superstition ou une angoisse, par peur qu’elle se réalise.

Tu as l’impression que tu es plutôt «solide» ou «fragile» (ta santé, et dans ta tête …)?
Je pense que j’ai été longtemps très solide, puisque j’ai rarement craqué et j’ai encaissé un peu plus à chaque fois les douleurs et les étapes difficiles. Maintenant, je me crois solide, mais je pense que je ne le suis plus. Autant par rapport à ma santé, qui risque de se dégrader très rapidement si je continue mes troubles alimentaires, et mes coupures.. qui sont très dangereuse. Mais aussi dans ma tête, puisque je pleure souvent, je suis mal, je souffre, j’ai envie de mourir et un rien peut me toucher. Mais malgré tout, je pense toujours que je suis quelqu’un de fort, parce que je reussis à ne pas craquer devant les autres et à me créer une façade.

Est-ce que tu te poses la question  «pourquoije suis comme ca?»
OUI tout le temps. Je me demande pourquoi est ce que je suis mal, pourquoi est ce que je souffre autant, et pourquoi est ce que j’ai besoin de me soulager en me coupant.

Si oui d’après-toi, pourquoi tu es pas bien / malade, qu’est-ce qui t’a rendu pas bien / malade?
Je suis malade parce que j’ai vécue des choses difficiles. Un divorce entre mes parents, une mauvaise entente entre eux, un père absent après cette séparation, Mais aussi une atteinte sexuelle subie à 8ans qui m’a marqué et m’a traumatisé. J’ai voulu tout encaisser et faire comme si rien ne m’avait atteint. Alors j’ai tout caché au fond de moi, et ça ressort aujourdhui.

Y’a t’il une question que j’ai oublié et qui a de l’importance pour toi sur cette maladie / trouble ?
Oui, ça pourrait être "souhaites-tu t’en sortir?" Là je répondrais d’abord oui, parce que si je ne voulais pas m’en sortir je ne serais pas entrain de répondre à ce questionnaire, pour mieux me connaître et envisager d’aller voir un médecin. Mais paradoxalement, parfois je ne souhaite plus m’en sortir, surtout de l’automutilation parce qu’elle me fait du bien et parce que c’est comme si, voir mes bras pleins de cicatrices, c’était voir mes souffrances, alors ne plus me couper, ça voudrait dire ne plus souffrir. Alors qu’au fond de moi je souffre tout le temps. Donc j’aimerais bien redevenir comme avant, aimer la vie et m’aimer un petit peu. Même si je suis très défaitiste quand à ma situation.

Estime de soi
Tu te trouves comment? (quelqu’un de bien, pas bien, ça dépend?)
Physiquement je ne me trouve pas bien du tout, et mentalement ça dépend. Je pense que je suis quelqu’un de bien parfois, parce que j’arrive à aider les autres des qu’ils ont un problème et j’arrive à leur redonner un peu d’espoir, les aider et les conseiller. Mais fondamentalement je n’ai pas d’estime de moi dans le sens ou je me sens coupable de tout ce qui m’est arrivé, comme si j’étais coupable de moi même. Donc je suis pas bien.

T’as l’impression d’être plutôt normal(e) coté intelligence?
OUI, je pense que je suis intelligente, même parfois plus intelligente que les autres. Mais au lycée c’est différent parce que malgré que j’ai de bons résultats, j’ai toujours peur de moi, et je me trouve archi nulle.

Est-ce que tu as confiance en toi?
-Non pas du tout. C’est un de mes grands problèmes.
-
-Est-ce que tu t’aimes?
Non plus.

Tu as l’impression d’être plutôt «gentil(le)» ou paset pourquoi ?
Je suis gentille parce que j’ai toujours un sentiment de gêne envers les autres, alors je fais toujours tout pour pas gêner. Mais dans le fond je suis mauvaise parce que je joue un jeu avec tout le monde vu que personne ne sait réellement qui je suis.

Est-ce que des fois tu as honte ou tu te sens coupable? (par exemple parce que tu as fait qq chose de pas bien ou de la personne que tu es)
-Oui tout le temps. J’ai honte de ce que je suis et je me sens extremement coupable. Coupable de moi dans la globalité, dans le divorce de mes parents, et surtout dans l’atteinte sexuelle subie quand j’étais petite, je me sens coupable comme si c’était moi qui l’avait poussé à m’agresser et aussi coupable parce que je n’ai rien dis, alors cette personne a peut-être recommencer sur d’autres enfants.. Ca c’est ma pire honte: Mon silence.

Est-ce que des fois tu te fais du mal? (par exemple se mettre en danger, faire des choses risquées, ou contre sa santé, etc)
-Oui , je m’automutile depuis quelques temps: je me coupe les avant bras, les bras, parfois le ventre et j’ai des troubles alimentaires: boulimie ( moins que l’automutilation)

Si oui, comment, de quelle(s)  manière(s)?
Je prends un cuter et je me coupe violemment sur les avant bras généralement.  Parfois je me coupe plusieurs fois sur une même coupure pour accentuer ma douleur. Je me fais vomir après avoir ingurgiter une grande quantité d’aliments, que je n’ai même pas savouré.

Si oui, est-ce que tu sais pourquoi tu te fais du mal?
 Je me coupe pour plusieurs raisons. Pour me soulager parce que cette violence et cette douleur me fait du bien. Pour me punir, parce que je suis coupable de moi même. Pour montrer à quel point je souffre et prouver que cette souffrance est réelle. Pour crier à l’aide et dire « regardez mes bras, regardez ce qu’il y a au fond de mon cœur». Je pense que je n’arrive pas à exprimer mes souffrances alors je les «grave» sur ma peau, pour mieux les «visualiser» et les exprimer, à ma manière .

Est ce que des fois tu as envie de te tuer?
-Oui , surtout quand je me coupe. Je me dis que je suis nulle alors je mérite rien d’autre que de mourir. Mais aussi après, parce que je me dis que je suis nulle de me couper, que c’est irrécupérable alors qu’il vaut mieux en rester là.

Tu as déjà essayé?
Non , ce n’est pas faute d’y avoir songé des nombreuses fois. Mais je n’ai pas essayé, parce si ça ne marche pas, je ne veux pas imaginer le regard qu’auront mes proches sur moi, leur stupeur et leur milliers de questions après mon réveil.

Relation avec les autres
Fais-tu (vraiment) confiance aux autres (ou au moins à quelques personnes?)
-Non , je ne fais confiance en  personne puisque je pense que tout le monde est fondamentalement mauvais et même hypocrite.

Les gens autour de toi, ils pensent quoi et ils disent quoi de toi? «oh lui / elle, il / elle est ….»
Ils pensent tous beaucoup de bien de moi, ils me trouvent gentille et disponible, avec beaucoup d’humour. Mais mes amies les plus proches me reprochent souvent de ne pas me dévoiler, de ne jamais réellement dire ce que je ressens. Ca les enerve que je ne me confie pas, et que je refuse la protection et l’interêt qu’elles essaient de me porter. On me reproche souvent ma trop grande impulsivité.

Ils savent que tu as des problèmes?
-Pas vraiment. Personne ne sait le fond de mes problèmes, mais j’ai dis à une amie qu’il m’était arrivé de me couper lorsque je me sentais vraiment mal. C’est la seule fois où j’ai reussi à le dire, et depuis on en a jamais reparlé.

Si non, d’après-toi pourquoi ils savent pas et pourquoi tu leur dis pas tout?
 Ils ne savent pas parce que je joue très bien le jeu, je dis tout le temps que tout va bien et que la vie est belle, lorsque j’essaie de les réconforter. Je ne leur dis pas tout parce que leur dire que je vais mal ramènerait à leur dire pourquoi je vais mal? Ca je ne peux pas. De plus, j’ai honte de leur dire que je m’automutile. J’ai peur de leur regard, ils me croiront différente, peut être folle.

Si non, est-ce qu’en fait ils n’auraient pas tout deviné sans le dire? Tu leur caches que tu as un problème et ils te cachent qu’ils le savent?
Oui j’y ai justement déjà pensé. Ma plus proche amie, je suis sure qu’elle se doute que je ne vais pas bien, et que j’ai deja adopté un comportement dangereux, mais elle ne m’en parle pas, peut être parce que moi non plu je ne lui dis rien. Pour les autres, c’est possible.. mais je ne sais vraiment pas.

Est-ce que tu leur mens? Es-tu un(e) menteur(se)?
 Oui, ça m’arrive souvent

Si oui, pourquoitu mens ?
ça m’arrive souvent pour enjoliver les choses ou les rendre plus attrayantes, me rendre plus intéressante.

Peut-on dire que tu les manipules? (par exemple essayer de leur faire croire que tu n’as pas de problème)
Dans ce cas oui je les manipule. Je joue un jeu, je porte un masque. Parfois certains essaient d’en avoir plus, peut etre parce qu’il remarquent que quelque chose cloche, mais je les rassure et leur promette qu’ils fabulent.

Est-ce qu’il t’arrive de dire«il est fou de dire que je suis malade»?
Non parce que on ne me dit pas que je suis malade vu qu’on le sait pas.

Si non, est-ce juste parce que ils savent pas comment tu es?
Oui exactement.

Comment sont tes proches, ta famille avec toi?
-Ils me traitent d’une façon «normale». Je me sens pas étouffée vu que j’ai une relative liberté, et je me sens aimée. Mais je vois peu mon père, je sais qu’il m’aime mais je souffre de son absence.

Est-ce que tu voudrais que cela change?
Mon éducation je la trouve plutot bien, même si j’aimerais qu’on me retire l’étiquette de la jeune fille épanouie , qui vit très bien son adolescence. Par contre il est clair que j’aimerais que la situation entre mon père et moi change.

Comment etait ta toute petite enfance (évènements marquants, maladies, problèmes avec tes parents,…) ?
Mon père et ma mère s’aimaient fort, mais s’engueulaient souvent parce-que mon père se droguait … ça on a toujours voulu me le cacher, même encore aujourdhui, mais moi je l’ai appris et compris très tôt, peut-être 7 ans, parce que je comprenais toujours tout ce qu’on voulait me cacher . J’ai été aimé de mes parents et pas mes proches. On s’est aussi souvent moqué de moi parce que j’étais ronde. Et quand j’avais 8 ans j’ai subie une atteinte sexuelle par un professeur, ça m’a marqué et j’en reste très choquée.

Et tu avais quelle place dans ta famille (Chouchoutée, invisible, mal aimée, trop aimée, «normale», etc)
Normale, même si, étant la dernière, mon père avait tendance à me préserver et me donnait l’impression de m’aimer d’une autre façon que mon frère et ma sœur, alors plus âgés. C’est à dire m’aimer plus comme son bébé.

Libre arbitre
Est-ce que tu as l’impression que c’est toi qui décide de ton avenir?
-Pas vraiment, je pense d’un coté que je suis entrain de construire mon avenir aujourd’hui, par rapport au lycée et aussi par rapport à mon automutilation, je me dis que ça aussi ça construit mon futur, et que c’est moi qui en suit la principale actrice. Mais d’un autre coté je décide pas tout vu que tout dépend de ce qui se passera par rapport a l’exterieur: mon métier par exemple, je le décide mais je l’aurais pas forcément.

Si non ou pas vraiment, c’est à cause de toi ou à cause des autres ?
C’est à cause des autres un petit peu. Parce qu’il m’empechent d’avancer et de me construire, par rapport à ce qu’ils m’ont fait ( dans l’enfance), à ce qu’ils me font ( leur regard, et le fait qu’ils soit tous aveugle face à ce que je vis) et à ce qu’ils décideront ( mon futur dépend pas forcément de moi, les conditions exterieures me permetteront, ou non, d’accomplir ce que je veux moi).

Savoir que ton état serait le résultat d’un trouble, d’une maladie et non de ta nature est-ce que ça t’aide?
Oui puisque je me dirais qu’une maladie se soigne, alors qu’une nature non.

Traitement
As-tu vu un ou des médecinspour tes problèmes ?
-Non je Peux pas. Je n’y arrive pas, et j’ai honte. Et je sais même pas comment m’y prendre.

On t’as dit le nom d’une maladie?
 Non

Tu vois un thérapeute (un psy)?
-J’aimerais bien, ça m’aiderait je pense.
 

Espoir
Tu as l’impression que tu en es ou dans tes problème, tu es loin ou proche de la guérison?
Je suis loin de la guérison. Vu que ça fait pas longtemps que les choses s’empirent, et qu’elles sont pas prêtes d’aller mieux vu que j’ai de plus en plus de mal à en parler. La preuve: je me coupe.

Tu penses que ça va s’arranger, que c’est possible?
 Je l’espere. C’est possible peut-être mais j’en sais franchement rien.

Es-tu heureux(se)?
-Des fois, mais je cotoie plus souvent la tristesse.

Es-tu «bras baissé» ou «combattant(e)»contre ce trouble, cette malade ?
Actuellement je suis bras baissé, puisque je pense que je suis fichue, comme une drogue, une fois qu’on y a gouté c’est fini c’est ancré dans la peau. Mais j’ai envie et je besoin de combattre parce que je me dis qu’il reste peut être un espoir et que tout n’est pas gaché.

Après avoir rempli ce questionnaire
Es-tu (selon toi) «Borderline»? (que tu sois diagnostiqué(e) ou pas)
A)Oui, Ca y ressemble bien
 
 

réponses du: xx / xx / xx

 88 questions 

Mise à jour questionnaire le 19 janvier 05
AAPELTM  tous droits réservés  reproduction interdite sans autorisation
Auteur, Alain Tortosa psychothérapeute, président fondateur de l’aapel
Association à but non lucratif

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